Éblouissant – L’édito de Patrice Chabanet
La science a cette capacité à nous élever au-dessus d’une actualité où la médiocrité le dispute souvent à l’insignifiant. Le lancement, hier depuis Cap Canaveral, de la sonde Parker vers le Soleil ouvre de vastes espaces à la compréhension de notre univers, c’est-à-dire de notre environnement au sens large du terme. L’étoile qui nous apporte la lumière et la vie conserve sa part de mystères, et non des moindres. C’est l’objectif de Parker de les percer. Pourquoi la couronne qui entoure le Soleil est-elle 300 fois plus chaude que la surface de l’astre, déjà chauffé à 5 500 degrés? Quels sont les mécanismes précis des tempêtes électromagnétiques dont les effets se font sentir dans les communications terrestres? Ces interrogations ne sont pas nouvelles. Encore fallait-il disposer de moyens techniques pour s’approcher du Soleil sans que la sonde disparaisse dans la fournaise. Une trajectoire astucieuse et l’utilisation d’un bouclier thermique particulièrement sophistiqué devraient permettre de franchir ces barrières technologiques. Si tout va bien, les premières informations nous parviendront d’ici au mois de novembre.
La conquête de l’espace se joue des rivalités politiques et commerciales qui secouent notre bonne vieille Terre. La coopération internationale y signifie encore quelque chose. En l’occurrence, la France est partie prenante de la mission Parker, notamment pour l’étude des variations du champ magnétique. Depuis quelques années maintenant, les initiatives se multiplient pour relancer l’aventure spatiale. Aujourd’hui, c’est le Soleil. Demain, ce sera Mars qui donne lieu à des projets qui oscillent entre anticipation et science fiction. La Lune elle-même, un moment délaissée, revient dans la course, avec un pays qui y fait ses gammes, la Chine. Les grandes puissances veulent, là comme ailleurs, conforter leur leadership. Reste l’essentiel: le rêve qu’entretient en permanence la conquête spatiale.