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Durcissement – L’édito de Patrice Chabanet

 

Le gouvernement n’avait pas vraiment le choix après les violences de samedi dernier. Il a décidé de renforcer la lutte contre les casseurs. Edouard Philippe l’a annoncé hier. Le dispositif à l’étude s’inspire des méthodes mises en place pour faire face au hooliganisme dans les stades de football : fichage des casseurs et interdiction pour eux d’accéder aux lieux de manifestation. Nécessité fait loi, c’est le cas de le dire. La rue ne peut pas être laissée à des hordes sauvages, à des années-lumière des revendications posées par la grande majorité des Gilets jaunes. Mais, ce faisant, l’exécutif subit le tempo des casseurs et de la minorité radicalisée du mouvement de contestation. On a l’impression qu’il s’adapte à de nouvelles méthodes de combats de rue. Pire, on ne voit toujours pas quand se terminera ce cycle de manifs du samedi, véritable terreau des casseurs de tout poil : les pillards, décérébrés, et un courant diffus, mais bien efficace, d’adversaires de la République.

L’idée d’ouvrir un vaste débat national est sans doute louable, mais pendant les trois mois qu’il va durer, la grogne sociale, faite d’impatience et de colère réelle, risque de se maintenir. Et pas forcément à feu doux. L’extrême droite et l’extrême gauche, dont il est de plus en plus difficile de percevoir les différences, sont bien décidées à attiser le feu. Emmanuel Macron paie ainsi son absence de réactivité quand est apparue la protestation contre la hausse du prix des carburants. C’est là qu’il fallait arrêter ce qui n’était qu’un petit incendie. Maintenant, il court après une contestation nourrie de mille revendications, l’exutoire de 40 ans de frustrations et de mépris. La majorité, massive à l’Assemblée mais peu expérimentée, paraît tétanisée par l’événement et semble traversée par le doute. Quant aux partis de gouvernement, ils suivent aussi, avec un PS qui fait pitié et des Républicains dont le chef reste largement impopulaire. Dans ces conditions, ce n’est pas l’amélioration, indispensable, du maintien de l’ordre qui réglera une crise essentiellement politique.

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