D’une semaine à l’autre : compétences
Que retiendra la Haute-Marne de cette 8e semaine ? Le retour de la guerre en Europe. Poutine était-il compétent pour la déclarer ? l’est-il pour la mener ? S’il gagne à la fin, tout le monde dira oui.
Je lisais dans votre quotidien préféré il y a quelques jours l’analyse géopolitique d’un investisseur haut-marnais en Ukraine (11 février p. 7) : « Vladimir Poutine n’a jamais eu l’intention ou n’a pas l’intention d’envahir l’Ukraine ». Sa « parfaite connaissance de la région », peut être entachée de légères approximations, devait-elle lui interdire de parler d’autre chose que de céréales ? Non, bien sûr.
Yves Royer, impitoyable contempteur des « braillards de Haut-Marnais qui pensent qu’il y aurait saturation d’éoliennes », infatigable apologiste desdites éoliennes, écrit longuement au quotidien (22 février p. 5) qu’il voue par ailleurs aux gémonies en appelant de ses vœux la proposition suivante :
« Il devient de plus en plus indispensable que les prétendants au débat éolien soient d’abord instruits par une personne qui a fait l’effort de compiler objectivement une masse d’informations sur l’énergie éolienne, qui plus est en Haute-Marne sur les 20 années passées ». (Suivez son regard). « […] Tout candidat passerait ensuite par un quizz de 50 à 100 questions pour obtenir ou pas le permis de débattre du sujet éolien ».
Ben voyons ! Un « permis de débattre » !
La proposition présente un premier mérite : illustrer l’adage qui veut que l’enfer soit pavé de bonnes intentions. Les racines du propos de M. Royer sont louables : protéger l’environnement. Mais sa méthode ne lasse pas d’étonner : censurer les cons qui n’ont rien compris : vous (peut-être), moi (assurément). Et dans la foulée priver de parole tous ces misérables élus incompétents qui nous gouvernent. D’autres, avant lui, ont eu la même logique : ils ont commencé par brûler des livres.
Son courrier nous interroge aussi sur la notion d’incompétence reliée à celle de liberté d’expression.
Serons-nous compétents ces prochains jours au Salon de l’agriculture ? Je vois mal comment pourrait nous échapper la médaille dans la catégorie très disputée « fromage de Langres ». Suspens !
Quelle hypothétique compétence autorise votre plumitif laborieux astreint à chroniques aléatoires à vous parler ici depuis quelques décennies de la Haute-Marne alors qu’il n’y entend rien. L’audacieux pousse aujourd’hui l’audace encore plus loin : étendre le propos à l’univers : Jean-Pierre Luminet, astrophysicien et poète de son état, évoquait jeudi à Colombey le big bang, les trous noirs, la finitude indistincte de ce qui est ; toutes pensées assez vertigineuses ma foi, dite avec une compétence avérée mondialement. Il a parlé de nous en termes réjouissants : « Selon la physique quantique, le vide a de l’énergie ». Le vide, c’est nous, non ?
Dominique Piot