D’une menace à l’autre – L’édito de Patrice Chabanet
Vu d’Asie, le conflit ukrainien n’est que la répétition générale d’une guerre à venir, l’invasion de Taïwan par la Chine. Chaque jour voit la tension monter, avec un vocabulaire qui ne fait pas mystère des intentions de Pékin. Dernier exemple en date : l’annonce de manœuvres militaires « à munitions réelles » à la veille d’une possible visite dans l’île de Nancy Pelosi, la cheffe des députés américains. On peut y voir des gesticulations propres à tout contentieux majeur entre deux grandes puissances. Mais quand la corde est trop tendue, tout peut arriver ou dégénérer. Les Chinois peuvent être tentés par des actions de moins en moins symboliques. On pense, par exemple, à un face-à-face menaçant avec les avions qui accompagneront l’appareil – militaire – de Nancy Pelosi.
Souvent accusés de se contenter de simples paroles – on l’a vu en Syrie – les Etats-Unis sont bien décidés cette fois-ci à contrer les velléités chinoises. Il y va de leur crédibilité auprès de leurs alliés. L’option militaire est envisagée et clairement exprimée. En Ukraine, Washington se contente de livrer des armes, les plus sophistiquées. A Taïwan, l’intervention sera plus frontale. Pour la Chine le danger est là : une confrontation avec la première puissance économique et militaire de la planète. Le pays s’est modernisé à une vitesse hallucinante, mais il n’a pas atteint la taille critique qui lui permette d’espérer mettre la main sur Taïwan sans s’exposer à des représailles massives. Un équilibre de la terreur qu’on a bien connu en Europe avec la guerre froide. On fait peur et on se fait peur. Jusqu’à quand ?