D’un autre temps – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il y a une différence fondamentale entre contester un enseignement et mettre en danger celui qui le dispense. Clairement, une ligne blanche a allègrement été franchie à l’Institut d’études politiques de Grenoble. Ceux qui ont eu ce courage des lâches d’inscrire sur l’un des murs de l’établissement le nom de deux professeurs les ont tout simplement jetés en pâture. On n’ose dire qu’ils leur ont dessiné une cible sur le front.
Etudiants ou pseudo-étudiants ? On peut se le demander. Mais inconscients et dangereux, pour le coup, sûrement. Ceux qui ont considéré, à tort ou à raison, que deux enseignants avaient tenu des propos islamophobes auraient pu, a minima, mener leur combat auprès de la direction de Sciences Po. Revendiquer, argumenter, plutôt que se cacher pour salir. Ou tout simplement passer par ce qui s’appelle la Justice, pour dénoncer les faits. Ils ont préféré l’anonymat d’un collage sur un mur.
Que dire, aussi, du syndicat étudiant venu relayer ces dénonciations sur les réseaux sociaux avant de faire marche arrière et de reconnaître une initiative « maladroite et dangereuse » ? Trop tard. A sa manière, et pas des plus glorieuses, l’Unef – sa branche grenobloise en tout cas – a elle aussi participé à ce qui pourrait avoir les conséquences qu’on peut imaginer.
Les mêmes qui ont vu Samuel Paty perdre la vie dans les circonstances les plus horribles qui soient.
Les débats sont légitimes. A l’Université comme ailleurs. Pas les pratiques d’un autre temps.