Du savoir-faire à cheval
La famille Jorand, propriétaire des Ecuries de l’étalon noir, change de monture : depuis fin 2017, elle a décidé de stopper son élevage de poneys pour se lancer dans celui des chevaux. Un virage pour l’élevage d’angels. Explications.
C’est un pari – osé mais excitant – dans lequel s’est lancée, depuis la fin d’année 2017, la famille Jorand. Propriétaires des Ecuries de l’étalon noir, à Prez-sur-Marne, Didier Jorand, psychologue, et ses fils, Alexis et Dimitri, ont décidé de tenter l’aventure dans l’élevage de chevaux. Depuis les débuts en 2001, Didier Jorand avait opté pour de l’élevage de poneys. «C’était l’époque où on avait le Poney-club, qui n’existe plus. On faisait de l’élevage de poneys en même temps et les gamins du coin pouvaient profiter de la qualité de nos montures. Cela a permis de lisser l’impact financier et de faire en sorte que lacarte bleue ne soit pas un facteur limitant. En même temps, on valorisait ce qu’on faisait», raconte Didier Jorand. Au plus fort de leur élevage, les Ecuries de l’étalon noir ont compté jusqu’à 75 poneys.
Cependant, en Haute-Marne, la difficulté de (bien) vendre se fait sentir. «On les vendait jeunes et pas au meilleur prix. Pour ça, il fallait aller du côté de la Normandie ou du Nord», regrette Didier Jorand. Néanmoins, la qualité de l’élevage lui permet non seulement d’offrir à ses enfants, et notamment à Dimitri, des montures parfaites pour progresser dans la hiérarchie sportive nationale, mais aussi d’être récompensé, courant mars, comme le troisième élevage français de poneys de sport. La famille Jorand a alors déjà commencé sa restructuration et la “migration” vers de l’élevage de chevaux, le tout afin d’approvisionner, entre autres, Dimitri et Alexis en montures performantes dans le cadre de leur pratique de l’équitation de haut niveau. «Il faut compter entre 300 000 et 400 000 € par cheval pour concourir. C’est une très grosse somme. On s’est dit alors : “autant fabriquer nos propres chevaux”. On fait nos choix, on connaît les mères, les pères. Et du coup, on gère la reproduction et l’élevage, tout en montant nos propres étalons», détaille Didier Jorand.
A ce jour, l’élevage d’angels – du nom des arrière-grands-mères, qui ont beaucoup compté pour les deux cavaliers Dimitri et Alexis – compte trois poulinières. Comprendre trois juments destinées à la reproduction. «C’est un pari, convient Didier Jorand. Notre aventure est familiale. A l’avenir, mes fils sont amenés à prendre les rênes de l’élevage. On va prendre les décisions en famille», poursuit-il. Reste désormais à travailler, à développer les qualités intrinsèques de chaque cheval. Et à attendre, puisque chaque poulain devra grandir trois ans durant, au minimum, à Prez-sur-Marne, avant d’être proposé à la vente. Le temps de les faire grandir, espèrent-ils, sur les concours de saut d’obstacles pour en accroître la valeur marchande.
Delphine Catalifaud