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Du haut de ce château d’eau, un siècle d’histoire vous contemple

Une nouvelle présentation historique du lac du Der, depuis le château d’eau de Giffaumont, est prévue ce mercredi 16 août.

HISTOIRE. Savez-vous pourquoi le lac du Der a été créé ? Pas sûr… C’est pour cela que l’Office de tourisme consacre, ce mercredi 16 août (après une première session le 26 juillet), une de ses “Escapades” à l’histoire du lac. Il suffit pour cela de suivre le guide, Daniel Dautel, jusqu’au sommet du château d’eau panoramique de Giffaumont.

« Oh, c’est pas possible… Et on a payé pour faire ça ! » Essouflé, ce touriste arrive enfin à bout des 130 marches du château d’eau de Giffaumont. Mais à 22 m de haut, sur la terrasse panoramique, la vue justifie amplement les efforts consentis. A 360° s’étendent la forêt du Der, le bocage, le village de Giffaumont… et, bien sûr, le lac.

Pourquoi le lac du Der ?

Ce mercredi 26 juillet, le petit groupe de privilégiés qui participe à cette “Escapade” organisée par l’Office de tourisme du lac du Der, n’en perd pas une miette. Téléphones portables et appareils photo immortalisent cette vue dégagée, qui permet, par beau temps, d’apercevoir les tours du Vert-Bois et la Croix de Lorraine de Colombey-les-Deux-Eglises !

Avec eux, Daniel Dautel, greeter (un bénévole local acteur dans le cadre d’une balade touristique) auprès de l’Agence de développement touristique de la Marne. C’est lui qui va replonger les visiteurs du jour dans l’histoire du lac du Der, en rappelant tout d’abord les deux raisons de sa construction. L’occasion de casser une première idée reçue : « La première vocation du lac est de stocker de l’eau pour alimenter la Seine. La régulation de ses crues vient seulement en second. » Mais ce sont pourtant bien ses crues, notamment celle de 1910, qui ont justifié sa création, dans les années 1970.

« Il fallait passer à la vitesse supérieure »

« En 1910, on s’est rendu compte que tout ce qu’on avait entrepris ne suffisait plus. La crue a duré 45 jours, le métro ne pouvait plus circuler, les bateaux ne passaient plus sous les ponts de la Seine, la scarlatine et la typhoïde se sont développées, des immeubles étaient menacés, comme certaines gares ou la Tour Eiffel. Il fallait donc passer à la vitesse supérieure », raconte Daniel Dautel. C’est ainsi qu’est né le lac de Champaubert (celui que l’on appelle aujourd’hui le Vieux Der), « le premier de France avec des digues en argile. C’était un bon laboratoire pour voir comment ça se comporte. Et cela a très bien fonctionné, mais c’était beaucoup trop petit. »

Faire disparaître trois villages sous les eaux

L’idée germe alors de créer le lac du Der, mais la décision tarde à être prise. Pas facile de faire disparaître trois villages sous les eaux… Les lacs de la Forêt d’Orient verront donc le jour avant le Der. D’autant que, aussitôt le projet connu, les habitants ont créé un comité de défense pour s’opposer par tous les moyens à sa réalisation. Il aura fallu de longs mois de négociations pour racheter les parcelles aux 750 propriétaires concernés. Mais la situation était trop belle pour que les ingénieurs aillent voir ailleurs. « Ici, il y avait une densité de population très faible, la Marne devenait dangereuse à partir de Saint-Dizier à cause de ses nombreux affluents, et surtout, le fond de la cuvette, constitué de 30 ou 40 mètres d’argile, garantit l’étanchéité du lac. »

Un attrait touristique immédiat

Une fois les parcelles rachetées, certaines maisons à pans de bois déplacées, l’église de Nuisement transférée à Sainte-Marie-du-Lac et celle de Champaubert remblayée, les travaux ont pu commencer. Creusement de l’argile pour construire les digues, ouverture du canal d’amenée et du canal de restitution de la Marne et de la Blaise. Avant une mise en eau en 1974.

On l’aura compris, si aujourd’hui, le lac du Der est l’atout touristique numéro un de la région, il n’a pas été conçu pour cela. Pourtant, « on a immédiatement imaginé que ça allait devenir une destination touristique », conclut Daniel Dautel. « Le lac a tout de suite été fréquenté pour la nature, les balades, les activités nautiques et la pêche. Aujourd’hui, c’est la deuxième destination touristique de la Marne après la ville de Reims. »

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr

Le lac du Der en chiffres

4 800 ha. Le lac du Der, l’un des plus grands lacs artificiels d’Europe, mesure environ 10 km de long sur 5 km de large, soit 4 800 ha. Et même 5 500 ha, si l’on ajoute les digues et les canaux.

349 millions de m3. C’est la capacité totale de remplissage du lac, soit l’équivalent de la consommation d’eau de plus de 6,32 millions de Français !

800. Nombre de points de contrôle des 20,3 km de digues. Si l’une d’entre elles cédait, à hauteur d’Arrigny, par exemple, la place d’Armes de Vitry-le-François se retrouverait sous 50 à 80 cm d’eau !

330. En noyant les trois villages de Nuisement-aux-Bois, Chantecoq et Champaubert-aux-Bois, le lac a déplacé 330 habitants. Il a également fallu exhumer près de 380 corps des cimetières. Sans doute l’opération la plus douloureuse pour les habitants des environs.

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