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Droit devant – L’édito de Patrice Chabanet

Alain Juppé assurait rester droit dans ses bottes. C’était en 1995, en pleine contestation sociale. 23 ans plus tard, Emmanuel Macron, s’inscrit sur une ligne semblable. Pour être plus précis, le chef de l’Etat paraît avoir choisi pour devise : droit devant. Au deuxième jour d’une grève dure à l’issue incertaine, il fait annoncer par son Premier ministre les grandes lignes de la réforme constitutionnelle. Pas de révélations à dire vrai, mais la volonté affichée de faire savoir que le programme présidentiel sera appliqué coûte que coûte. Certains y verront sans doute une manœuvre de diversion dans une période où l’exécutif est confronté à sa première grande crise. Plus simplement, le chef de l’Etat est convaincu que sa détermination sera payante, comme elle l’a été pour les ordonnances sur la loi Travail. Sa conviction la plus ancrée est que tout doit se jouer dans les 18 à 24 mois qui suivent son élection. La méthode est celle du bulldozer. Pas de concessions majeures, juste quelques inflexions. Ainsi, dans le dossier SNCF, il n’est plus question de passer par les ordonnances pour l’ouverture à la concurrence.

De la même manière, la programmation de la réforme constitutionnelle est ralentie. L’affaire ne sera pas ficelée cette année, mais courant 2019. Idem pour la disposition très controversée sur la limitation du droit d’amendement : elle n’est plus inscrite dans le projet. Ces concessions visent à dégager une large majorité des deux Chambres et à diviser les oppositions. L’instillation d’une dose de proportionnelle, par exemple, a les faveurs des centristes et du Front national. Les Républicains y sont totalement opposés. Quoi qu’il en soit, l’exécutif détient l’arme absolue ou croit la détenir : le référendum. De fait, les Français sont largement favorables à la principale disposition du projet : la réduction du nombre de parlementaires. Mais il faut se méfier des parties gagnées d’avance : les électeurs ne se prononcent pas toujours sur la question posée, mais sur l’action du gouvernement au moment du scrutin.

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