Douleurs vivaces – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ce mois de septembre est décidément celui des douleurs qu’on ravive, au fil de bien tristes anniversaires. Le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui vient de s’ouvrir, donne le ton, deux mois avant les habituelles commémorations. Le rappel inévitable de nos traumatismes. Surtout celui des victimes.
Le 11 septembre, c’est la planète tout entière qui s’est rendue compte, si ce n’était déjà le cas, que l’année 2001 est encore tellement proche. Comme si c’était hier, dit-on généralement.
Hier enfin, ce n’est pas la sauvagerie dont est capable l’Homme qui nous est revenue, mais un fait divers. La catastrophe industrielle la plus grave qu’ait connue la France depuis 1945. L’explosion de l’usine AZF, à Toulouse, avait été ressentie à 80 km à la ronde. Elle avait, surtout, fait 31 morts et des milliers de blessés. Le traumatisme est d’une autre nature. Mais ici non plus, les douleurs ne seront jamais totalement apaisées. On a vu à quel point, en cette journée d’inauguration d’un parcours mémoriel, les plaies étaient encore béantes, entre cérémonie officielle boudée par des associations et anciens salariés qui ne comprennent toujours pas qu’on ait pu voir une faute dans ce qu’ils ne considèrent “que” comme un accident. Aussi dramatique soit-il.
Une seule chose est certaine : ces anniversaires, ces commémorations, ces hommages, quel que soit le nom qu’on leur donne, sont nécessaires. Bien sûr, ils viennent poser à nouveau sur la table, parfois, des divergences, des points de vue irréconciliables. Mais ils sont surtout une marque de respect pour les victimes. Comme le devoir de ne jamais les oublier.