Doulaincourt sur la voie de l’implantation du premier éco-lotissement de Haute-Marne
Doulaincourt-Saucourt a opté pour une politique locale verte et génératrice d’économies. C’est aujourd’hui composer avec l’alouette Lulu. Et espérer conjointement de faire naître les premier éco-lotissement de Haute-Marne.
« Doulaincourt-Saucourt avait un désavantage, ses impôts importants ». Le maire Frédéric Fabre, par ailleurs élu à la région Grand Est, a entrepris d’éroder ce boulet susceptible d’entamer le niveau de population. En réduisant la facture de l’énergie. « Notre idée était de faire de Doulaincourt un village à énergie positive ». Plusieurs transformations vertes ont été engagées, voire concrétisées, et le résultat est tangible. Aujourd’hui, il s’agit de finaliser un projet de parc photovoltaïque du promoteurs GD SOL 98 (groupe Générale du Solaire) -et ce n’est pas tout (voir infra). L’affaire est dans les tuyaux « depuis 5 ans », l’autorisation de permis de construire a été délivrée par le préfet en octobre 2022. Et voilà qu’un obstacle a surgi en décembre, entravant la finalisation du parc prévu pour être implanté à l’écart de la cité, « sur un terrain non agricole, qui servait à l’ancienne colonie de vacances de Drancy ». Aujourd’hui, ledit obstacle qui s’est invité en travers de son chemin « reste à résoudre ». Dès janvier, la commune s’est mise au travail avec le promoteur. Les services de la DREAL se sont déplacés, et le maire a été sensible à leur volonté d’être « au plus près des réalités du terrain ».
Lulu contournable
« Le conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) a trouvé des espèces faunistiques et floristiques ». Sachant, insiste le maire, qu’ « ici, on a 2 000 hectares de zones Natura 2000 – et de type ZNIEFF ou protégées ». Vers le 20 décembre, il apprend que la présence de l’alouette Lulu et de pelouses sèches notamment donnent un coup de frein à l’aboutissement du parc solaire – les mesures de compensation déjà prises sont insuffisantes aux yeux du CSPRN. C’est que Lulu « niche en lisière des prairies calcicoles (pelouses sèches, NDLR) » du site dédié de 5,3 ha. Toutefois, la commune espère tenir une solution pour réenclencher le projet. « La commune a 2 500 ha de forêts, parmi lesquels des zones présentent peu d’intérêt -des zones plantées d’épicéas ». Frédéric Fabre pense qu’elles peuvent être transformées en « zones calcilcoles ». Autrement dit, servir de « compensation » pour lever le véto composite Lulu-prairies sèches. Une mésaventure qui rappelle au premier magistrat le désarroi qu’un acteur de poids avait manifesté : « ce n’est pas possible, on ne peut pas avancer dans ce pays… ». Les résultats avantageux déjà engrangés pour la commune dissipent son inquiétude : les premiers efforts dont déjà payé. « On a abaissé la part communale de la taxe foncière de 30% ». Et conjointement, la commune a pris des mesures de préservation de larges surfaces d’intérêt environnemental. Alors comment imaginer que celles-ci se retournent contre elle ? Que Lulu et les prairies sèches sapent un projet de parc photovoltaïque pour lequel la MRAE a donné un avis favorable ? La politique locale a été saluée par le trophée Eco maire en 2022, RTL l’a citée en exemple lors de la semaine verte. En outre, elle vient de dégainer un nouveau projet…
Projet pionnier en Haute-Marne
« Maintenant qu’on a maintenu les services et baissé la fiscalité, on travaille à un éco-lotissement ». Manière d’attirer des habitants dans un cadre protecteur des espaces naturels et en l’absence de foncier. Les collégiens sont associés à l’élaboration de cet autre projet, prévu route de Froncles, derrière la gendarmerie, sur des parcelles ZAU. « On prépare juste l’aménagement du terrain – comme le moyen de favoriser l’infiltration de l’eau de pluie, on assure les aspects techniques », explique le maire. Il revient encore à Doulaincourt de préparer l’intégration paysagère, de réfléchir à la topographie, à l’orientation des maisons… « On doit passer devant une commission de la DDT pour valider le projet « éco-concept » ». Pour l’heure, « il n’y a pas d’éco-quartier en Haute-Marne ». Mi-mars, la DDT avait salué la qualité de l’évolution du projet. Prochain rendez-vous avec les services de l’État « avant l’été » en espérant boucler le dossier « d’ici à la fin de l’année ». Le cahier des charges de l’éco-lotissement, qui compterait 18 à 20 habitations individuelles elles-mêmes vertueuses, prévoit « une vingtaine d’engagements ». En clair, rien à voir à dessein avec « un nième lotissement ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr