Doubles langages – L’édito de Christophe Bonnefoy
Mais à qui Vladimir Poutine parle-t-il, lorsqu’il évoque la force nucléaire russe ? Aux électeurs bien sûr, qui malgré tout, même sans argument choc, auraient de toute façon voté en masse pour le Président en place. Verdict dimanche, mais l’issue est déjà connue. Alors si ce n’est aux Russes qu’il s’adresse, serait-ce au reste du monde ? Fort probable, alors que l’invasion de l’Ukraine par son armée ressemble plus à un enlisement qu’à une vague qui aurait tout balayé sur son passage. Deux ans déjà…
On peut, sans grand risque de se tromper, affirmer que le maître du Kremlin lance un message plus ou moins indirect à son homologue français, Emmanuel Macron. Les propos du chef de l’Etat ont forcément irrité le tout-puissant Poutine. Envoyer des troupes sur le sol ukrainien ? Une déclaration de guerre qui trouverait réponse dans des actes encore plus extrêmes que ceux perpétrés jusqu’à maintenant par les Russes.
Alors dans ce contexte, auprès de qui Emmanuel Macron cherchait-il à faire passer un message, ce jeudi soir sur les chaînes de télé ? A l’inverse de Poutine, c’est bien aux Français qu’il s’est adressé. Ici, la situation politique est pour le moins tendue, pour ne pas dire empreinte d’une certaine instabilité. Qui plus est, l’exécutif a en ligne de mire des élections européennes loin d’être gagnées. Plus qu’un point de situation et une clarification sur la stratégie française, c’est bien une entrée en campagne que le chef de l’Etat vient d’acter sur le petit écran, en ciblant notamment le positionnement du RN sur la question russe. Son objectif était double : esquisser une issue au conflit – tout en continuant s’il en était besoin à en dramatiser l’enjeu -, mais en même temps – il aime l’expression – rassurer les Français. Certains diront : inquiéter à l’extrême pour pouvoir mieux récolter ensuite les éventuels fruits… électoraux.