Docteur Jekyll et Mister Hyde
Une première partie de match sans histoire, puis une seconde catastrophique ont scellé la défaite du Chaumont VB 52 Haute-Marne, samedi soir, à Cambrai (2-3) : de quoi alimenter quelques inquiétudes à deux semaines des “play-off”.
Le regard noir et la tête basse : les joueurs du Chaumont VB 52 Haute-Marne ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes, samedi soir, en regagnant les vestiaires de la salle Jean-Marie Vanpoulle. Dominateurs durant deux sets face à leurs hôtes cambrésiens, ils ont alors complètement sombré lors des trois suivants face, il est vrai, à des locaux revigorés après les changements apportés au “sept” de départ peu convaincant. Mais le seul enthousiasme des “hommes de banc” nordistes, à l’énergie certes débordante, peut-elle expliquer à lui seul le naufrage des Haut-Marnais ?
Quoi qu’il en soit, après déjà les difficultés rencontrées face à l’équipe “bis” de Montpellier une semaine plus tôt, mais gommées par une victoire à trois points comptablement précieuse, cette incapacité à trouver des solutions techniques, tactiques et physiques dans ce genre de confrontation reste inquiétante à deux semaines de débuter les “play-off”. « Je suis en colère, ne masquait d’ailleurs pas le président Bruno Soirfeck au coup de sifflet final. Au-delà de l’aspect sportif qui nous fait perdre définitivement la possibilité d’une deuxième place au classement final, voire de la troisième, j’ai du mal à comprendre “l’effet marsouin” de cette équipe. Il y en a un qui s’échoue et les autres suivent. On pensait que certaines leçons passées seraient retenues et on se rend compte que non. C’est véritablement agaçant ! »
Pourtant, le début de match des Cévébistes ne laissait guère de place à une issue défavorable. Le temps de mettre au pas leurs hôtes lors du premier set (24-26), la suite n’était qu’une course sans rival où le CVB 52 maîtrisait son sujet avec autorité (16-25), sans être génial. Et c’est peut-être dans cette dernière impression qu’il faut trouver les premières raisons de la mise en échec à suivre. Car jusque là, hormis un Roamy Alonso lancé sur des bases statistiques élevées, les hommes de Silvano Prandi bénéficiaient surtout d’un jeu cambrésien aux déchets multiples, y compris sur des situations plutôt négociables.
Des fautes à gogo
La suite ? Les trois attaquants de “bout de filet” locaux sont renouvelés et le scénario s’inverse. « C’est forcément un su-perbe message lancé par ces jeunes, à quelques jours du début des “play-off”, se satisfaisait d’ailleurs le coach nordiste Gabriel Denys. Des fois, ça marche, d’autre fois non : cette fois c’est passé ! » De l’autre côté du filet, la situation empirait. La “diagonale passeur/pointu” flanchait, les changements n’y faisaient rien. Et c’est toute l’équipe chaumontaise qui perdait les pédales, qui paniquait, qui manquait de lucidité, et qui venait s’empaler sur l’enthousiasme et la confiance des locaux. « C’est terrible, car dans l’attitude même des joueurs, on a compris qu’ils n’y étaient plus, reprend encore Bruno Soirfeck. On peut forcément se poser la question d’une déconcentration au moment où Cambrai faisait entrer tous ses remplaçants. Sans parler de suffisance, mais la sensation que le match était définitivement à notre portée. »
Le symbole de cette descente aux enfers : le nombre de fautes directes qui se multipliaient dans le camp visiteur. Alors qu’il en avait commis neuf sur les deux premiers sets, le CVB 52 en affichait 21 dans les deux suivants : témoin d’un jeu qui se délitait. « Ces deux derniers matches devaient nous permettre d’aborder les “play-off” en confiance, rage le président chaumontais. Au lieu de cela, c’est de nouveau le doute qui s’installe. »
Alors certes, les Haut-Marnais gardent leur destin entre leurs mains pour conserver leur place dans le “Top 4”. Une victoire contre Nantes samedi à Jean-Masson et le tour sera joué. Mais celle-ci n’enlèverait pas pour autant les sensations qui gravitent autour d’un collectif dont l’énorme potentiel n’est pas à mettre en doute, mais tellement inconstant d’un match à l’autre qu’il pourrait s’en trouver fragilisé lors des matches couperets…
Laurent Génin