Disparition de Jean-Claude Oury : un paternaliste visionnaire
Décédé le 7 octobre 2015 à l’âge de 78 ans, Jean-Claude Oury était un patron emblématique du bassin nogentais. Il était d’ailleurs né à Nogent, en 1937. À 16 ans, après des études de mécanique à Dijon, il était entré au sein de l’entreprise familiale que dirigeait son père.
Il a commencé par fabriquer des instruments, puis, de l’établi, il est passé au contrôle avant d’être responsable du volet commercial de l’entreprise Oury-Guye, toujours installée au cœur de Nogent.(JHM du 23 octobre 2015).
À la mort de son père, il prend la direction de l’usine, confiant les finances à son épouse. Un événement intervient en 1983. En vacances à la neige, Jean-Claude Oury se trouve bloqué sur un télésiège en panne. Il entame la conversation avec son voisin d’infortune, encore inconnu pour lui : un certain Professeur Cotrel, LE spécialiste de la colonne vertébrale ! Les deux hommes sympathisent. Un nouveau monde, celui de l’ancillaire s’ouvre pour Oury qui a alors fabriqué toute l’instrumentation du rachis pour le leader mondial de la spécialité. Cet engagement résolu de Jean-Claude Oury dans l’ancillaire a probablement sauvé l’entreprise. Aujourd’hui, l’ancillaire représente 80 % de son activité.
Jean-Claude Oury laissera surtout le souvenir d’un chef d’entreprise pédagogue essentiellement tourné vers l’humain. Il avait tissé des liens personnels avec chacun de ses salariés. Tout au long de sa dense carrière, ce patron “paternaliste” au sens noble du terme a privilégié l’homme plutôt que la réussite sociale. Il vénérait le travail bien fait.
Il avait pris sa retraite au début des années 2000, mais été devenu président du Conseil de surveillance. Tous les jours, jusqu’à la semaine dernière, il venait à l’usine. Son fils Christian lui confiait des petites tâches de gestion dont il s’acquittait, repoussant du même coup les affres de l’âge.
Jean-Claude Oury comptait parmi ces dirigeants du bassin nogentais qui ont su imposer à leur entreprise des mutations qui finalement les ont sauvées face à la concurrence des pays émergents.