Disette à la cantine, vraiment ?
Education. S’instillant dans les murmures des réseaux sociaux et tournant en rumeur locale, l’affaire des plateaux frugaux prétend que les élèves du lycée Charles-de-Gaulle et plus particulièrement les internes, seraient mis à la diète forcée. Portions congrues, repas expédiés et ados faméliques à l’arrivée ?
La restauration scolaire véhicule tout un monde : finis les grands réfectoires austères des années grises, mais dans les “selfs” modernes, les discussions sur l’ordinaire sont toujours un cas d’école.
À Charles-de-Gaulle, il paraît que les plateaux du soir sont vides et que les internes se couchent le ventre creux et la mine basse.
Ça tombe bien, la semaine dernière s’est tenue une « commission repas » dans l’établissement, réunissant le CPE, l’intendance, la cheffe cuisinière et des représentants de lycéens dont celui-ci qui déclare que « si cette affaire a été évoquée, on est tous tombés d’accord pour dire qu’il s’agissait essentiellement d’une rumeur. Le midi ou le soir, le “bar à salades” propose à volonté des entrées froides. On peut manger autant qu’on veut. Sur les plats chauds, les portions sont réglementaires mais il suffit de demander au moment du service pour obtenir davantage. Je crois qu’on est plus dans une impression qui s’entretient par rumeur que sur une réalité tangible. »
Comportements voraces…
Une analyse que l’administration du lycée partage. Le problème vient aussi du comportement de certains jeunes « qui ne comprennent pas que le repas du soir est forcément un peu plus léger que celui du midi, même s’il propose chaque fois des produits carnés comme la possibilité de manger végétarien. Cette rumeur est agaçante : chaque établissement en fait les frais à tour de rôle et ça ne repose sur rien de réel. C’est même assez pénible à vivre pour les équipes qui s’échinent à produire des repas diversifiés, complets et parfois des bonus qui demandent du temps. Comme la semaine dernière où, pour la Chandeleur, chacun a eu droit à une crêpe en plus du repas. Les habitudes alimentaires sont aussi de plus en plus critiques et certains élèves estiment qu’un fruit n’est pas un dessert… »
Retour de la patate chaude à l’envoyeur : on peut manger plus qu’à sa faim au lycée Charles-de-Gaulle.
…mais gaspilleurs
Le juge de paix en la matière est dans l’arrière-cuisine : une majorité d’assiettes n’est pas terminée et rejoint la litanie du gaspillage alimentaire, et Éric Lebel, le proviseur, se désole : « La semaine dernière, on a jeté 160 filets de poulet. Un gâchis incompréhensible pour des gens qui soi-disant ont faim. Ça représente aussi 80 poulets tués pour rien. Écœurant. » Tant et si bien que l’établissement a proposé aux parents de venir déjeuner pour se faire une idée concrète. Sur inscription et moyennant le prix moyen, les parents des lycéens qui le souhaitent seront accueillis et nourris. Les restaurants scolaires, finalement !
Renaud Busenhard