Dimitri Beauvais, “pompier de la paix”
Dimitri Beauvais, chef du centre
de secours d’Ancerville,
va participer à la mission
“Pompiers de la paix”,
orchestrée conjointement
par la Fédération nationale
des sapeurs-pompiers de France
et l’Œuvre des pupilles
orphelins de sapeurs-pompiers,
avec le soutien de l’Union
départementale
des sapeurs-pompiers
de la Meuse.
L’objectif est d’apporter un soutien humanitaire et logistique aux sapeurs-pompiers et aux réfugiés ukrainiens. Il s’agira de convoyer du matériel et des véhicules de secours et incendie sur la zone de conflit, d’acheminer les sapeurs sur les zones d’accueil déplacées pour y installer et tenir des postes de secours, enfin de contribuer à accueillir en France les familles des pompiers ukrainiens mobilisés sur le front. Ce soutien massif aux pompiers ukrainiens, à leurs familles et aux réfugiés s’exercera à Medyka, ville polonaise située à quelques mètres de la frontière ukrainienne. Il s’agit du poste frontalier le plus fréquenté par les réfugiés atteints du “syndrome de la frontière”, qui se traduit par “placer sa confiance uniquement dans les autorités locales et les sapeurs-pompiers pour être transportés”. Outre cette évacuation vers la Pologne, un autre cordon de sortie s’activera vers la Moldavie et la Roumanie. La mission rassemble des pompiers de toute la France, entre 40 et 50, qui partiront samedi 12 mars à 13 h du siège de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France à Paris, avec quatre ambulances, deux véhicules médicalisés, deux véhicules 4 x4, dix minibus de neuf places et des véhicules logistiques.
« Le dévouement, c’est le cœur de mon métier. »
Pompier professionnel ayant effectué des missions au Tchad, en Grèce et en Guadeloupe, Dimitri Beauvais va désormais être confronté à une situation inédite, lui qui pensait, incrédule au début du conflit, qu’« une guerre en 2022, c’est impossible ! ». Lorsqu’il a été contacté lundi 7 mars, il n’a pas hésité une seconde à s’engager, en tant que bénévole complètement désintéressé et sur ses congés annuels. « On peut avoir deux attitudes devant ces évènements, assure-t-il, rester tranquille sur son canapé et dans ses pantoufles ou s’engager. Le dévouement, c’est le cœur de mon métier. » Il sera accompagné d’un collègue pompier de Revigny pour accomplir les 2 500 km de route qui le séparent de son point de chute. La mission n’a par ailleurs été confirmée que dans la nuit du 10 au 11 mars à cause d’un blocage d’instances administratives auquel le président de la république lui-même a mis fin.
Dimitri Beauvais emportera des médicaments ainsi que des vêtements pour les enfants car le chef de détachement, parti sur place en reconnaissance il y a une semaine et touché par le regard de détresse de certains petits, estime essentiel de les pourvoir en affaires de rechange, surtout des chaussures et chaussettes dont ils ont besoin pour traverser la frontière. Sans plan d’action précis, le jeune chef de centre se dirigera vers l’inconnu, avec un lit de camp, un sac de couchage et des rations alimentaires de combat pour rapatrier les déplacés de la frontière jusqu’à Medyka. Son enthousiasme est inébranlable : « Dix minibus de neuf places avec quinze à 20 navettes par jour, cela fait entre 1 300 et 1 800 personnes à sauver quotidiennement, sans compter les familles de pompiers ukrainiens restés au front qu’on ramènera avec nous et dont on facilitera l’hébergement. »
Fier de son pays, fier de son corps de métier, Dimitri Beauvais laissera sur place le drapeau français, symbole de la solidarité entre pompiers.