Difficultés de recrutement dans l’hôtellerie-restauration : une nécessaire adaptation
Hôtellerie-restauration. Le problème est national et concerne pratiquement tous les domaines d’activité : le manque de main-d’œuvre. Alors que les touristes sont déjà là, les professionnels de l’hôtellerie-restauration font face aux difficultés de recrutement.
En 2020 et 2021, c’est la crise sanitaire avec son contingent de restrictions qui a impacté la saison touristique. Le nombre d’emplois non pourvus sera-t-il le nouvel élément perturbateur pour ce cru 2022 ? Beaucoup le craignent. Il suffit de jeter un œil sur les sites Internet qui recensent les offres d’emploi. A quelques semaines de la saison estivale, un camping de la région langroise recherchait toujours un réceptionniste maîtrisant l’anglais, Pôle emploi a mis en ligne pas moins de 45 offres de cuisinier dans le département (en restaurant comme en collectivité) !
Directeur de la Maison départementale du tourisme, et donc à même de porter un regard sur la situation en Haute-Marne, Thomas Corvasce confirme « une très grande tension, assez préoccupante. A tel point que certains restaurateurs commencent à restreindre leurs jours d’ouverture ». Ce qui est le cas par exemple à Chaumont, ou à Langres.
« Nos métiers n’attirent plus »
La situation est d’autant plus inquiétante, relève Thomas Corvasce, que « les premiers chiffres de fréquentation sont plutôt bons, voire très bons. Les touristes étrangers sont déjà présents ». Pour le directeur de la MDT, l’Agence d’attractivité en cours de création devrait avoir vocation à travailler sur ce problème, qui n’est pas propre à la Haute-Marne mais bien à tout le secteur touristique du pays.
S’il n’est pas personnellement confronté à ces difficultés (« notre personnel est fidèle »), Gérard Guy, qui a ouvert il y a 32 ans un hôtel-restaurant chaumontais, constate, amer, que « nos métiers n’attirent plus. Sur 100 jeunes qui sortent d’une école hôtelière ou d’un centre de formation des apprentis, plus de 80 ne sont plus dans le secteur après quelques années ».
Emplois en extra
La situation était « déjà tendue » avant la crise sanitaire, mais celle-ci a amplifié le phénomène. Ce manque de personnels, en cuisine, en salle, « on le retrouve dans tous les métiers, note l’hôtelier-restaurateur. Les artisans qui sont dans ma clientèle sont tous à la recherche de personnes ».
Ces difficultés de recrutement, « ça va devenir un problème », témoigne Yves Chevallier, hôtelier-restaurateur à Langres, qui donne le chiffre de 200 000 emplois non pourvus en France dans le secteur. Pour son cas personnel, « sur les postes importants, tout le monde est là, ce sont plutôt des emplois en extra qu’on a du mal à trouver », précise-t-il. Les perles rares : les serveurs, les employés d’hôtel. Pour autant, Yves Chevallier ne se montre pas inquiet pour cette saison : « Nous avons anticipé. » Et puis ce qui donne du baume au cœur, c’est que les touristes sont là : « Ils sont arrivés très tôt, cette année, dès janvier. »
L. F.