Didier Diderot, le modèle
Partons de nouveau aujourd’hui à la rencontre de la famille Diderot. Le père du philosophe, Didier Diderot apparaît très clairement dans certains écrits, figure auguste du père autoritaire, honnête et droit. C’est avec une émotion retenue que Denis affiche une admiration certaine : » son image sera toujours présente dans ma mémoire, il me semble que je le vois dans son fauteuil à bras, avec son maintien tranquille et son visage serein. » ( Entretien d’un père avec ses enfants, 1771 ). Attentif à son commerce, Didier Diderot fait figure de modèle et de bon gestionnaire des affaires familiales. Travaillant dur et investissant, il lègue un héritage confortable à ses enfants après sa mort, le 3 juin 1759 ; ce sont trois maisons (Langres, Cohons et Chassigny) mais aussi des terrains et des vignes figurant dans la succession. Le partage des biens entre les enfants deviendra, entre Denis et son frère Didier-Pierre, une source de conflit supplémentaire et une des raisons de leur rupture. La religion et la vie de bohème de Denis à Paris avaient auparavant opposé le père et le fils. Homme pieux et profondément respectueux des convenances de la vie sociale, il accepte difficilement les écarts de son fils Denis. En 1742, à l’annonce de son mariage avec Anne-Toinette Champion, son père le séquestre ; il se marie sans consentement paternel, le 6 novembre 1743. C’est aussi Didier père qui rembourse à plusieurs reprises les dettes de Denis. Leurs rapports seront ainsi faits de désaccords, de ruptures et de réconciliations. On ne peut nier cependant une fierté mutuelle : celle du père qui se réjouit des succès scolaires de son fils, espérant ainsi pour lui une carrière brillante ou, celle du fils qui tout au long de ses écrits, évoque l’image paternelle et rend hommage à l’artisan et à ses savoir-faire dans son œuvre la plus magistrale, le Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers par une société de gens de Lettres.
De notre correspondante Angélique Roze.