D’homme à femme, tout est affaire d’honneur
Là où on ne le connaît finalement que trop peu, le duel d’honneur a son film, avec “Une affaire d’honneur”. Au programme, une belle recette, faite de combats d’honneur, de militantisme au féminin et bataille pour l’égalité. En salles depuis le 27 décembre 2023.
Dans l’histoire française, le duel d’honneur a baissé le rideau en 1967 après un ultime affrontement entre deux députés, à l’Assemblée nationale. Quatre vingts ans plus tôt, pourtant, ces déclarations de combat étaient réprimées, obligées d’être honorées en coin reculé, dans le plus grand secret. C’est justement de cette période dont il est question avec “Une affaire d’honneur”. Plongeons-nous dans l’histoire ! En 1887, Adrien (Noham Edje), neveu du maître d’armes renommé Clément Lacaze (Roschdy Zem) meurt lors d’un duel d’honneur, face au colonel Berchère (Vincent Perez). L’objet : la réparation d’un affront, après une gifle et une insulte. Ce premier face-à-face sanglant va entraîner une spirale de batailles individuelles, à l’arme à feu, à l’épée ou bien au sabre. À quel prix, pour quel destin ?
Signé de la main de Vincent Perez, avec un rôle en poche, “Une affaire d’honneur” explore les coulisses des combats par armes, des salles d’escrime à l’extérieur. D’un regard expert, la focale y est à la pointe, alternant plans d’ensemble et plus rapprochés sur les personnages guerriers. On y ressent leurs émotions, on y voit les coups d’épée, les croisements de l’une contre l’autre. Ce qui est là, à la manière d’un spectacle sportif en direct, une belle immersion. Et ce n’est là qu’une mise en bouche sommaire, pour laquelle l’haleine n’est finalement qu’active au visionnage personnel.
Une avant-garde de femme
Dans ce monde que l’on a longtemps cru, à tort, d’hommes, les femmes ont voix (et droit) au chapitre. En son sein, l’une d’entre elles, Marie-Rose Astié de Valsayre (Doria Tillier) s’adonne à un art exclusivement masculin. Prenant déjà le contrepied des avancées en devenir, cette militante féministe y va de ses tribunes, réclamant pantalon, droit de vote et liberté sexuelle, de ses victoires aux combats d’épée et de ses trocs de robes contre des costumes d’homme. Soit, une place de choix, clairement revendiquée (même si peu acceptée et beaucoup défiée) et devant l’œil avisé et sage d’un escrimeur soucieux d’égalité, épris d’un amour juste et respectueux. Éblouissant ! 3,2/5
De notre correspondant Aldric Warnet