Deuxième round – L’édito de Patrice Chabanet
Olivier Véran est neurologue de formation. Le nouveau ministre de la Santé pourra puiser dans son expérience professionnelle pour garder ses nerfs dans les lourds dossiers qu’il a à gérer au pied levé. Le débat ouvert à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites constitue un baptême du feu. Comment faire avancer un texte qui s’est englué en commission ? Cette fois-ci, ce sont 40 000 amendements qui ont été déposés…Une véritable stratégie d’obstruction revendiquée par les oppositions, à commencer par la France insoumise. L’agressivité du parti de Mélenchon paraît se substituer à la faible mobilisation dans la rue. Hier, les syndicats contestataires avaient promis un lundi noir dans les transports parisiens. A l’arrivée il n’y a pratiquement rien eu. La saignée financière sur les feuilles de paie de janvier explique le peu d’enthousiasme sur le terrain.
Pour autant, l’exécutif n’est pas sorti de l’auberge. L’hypothèse plausible d’un passage en force du texte, grâce aux ordonnances, ne serait pas glorieuse pour une réforme présentée comme emblématique du quinquennat Macron. Bref, le gouvernement reste sur la défensive, en dépit de l’usure du mouvement. Il devra aussi se méfier des conflits plus catégoriels, comme la grève des avocats et des médecins hospitaliers. Leur motivation ne faiblit pas et entretient un fond de contestation sociale dure dans le pays.
Olivier Véran aura enfin à gérer le dossier coronavirus infecté par un autre virus qui a pour nom incertitude. Si, à terme, il devait prendre pied sous nos latitudes, les gouvernements en place seront accusés de ne pas avoir été prévoyants. Cela aurait été le cas d’Agnès Buzyn si elle était restée à son poste. Ce sera le cas de son successeur si l’épidémie se mute en pandémie.