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Deux nouveaux dentistes comme dans un fauteuil à Chaumont

Oana et Florian Panduru tiennent à assurer une continuité avec leur prédécesseur. Masques retirés le temps de la photo.

Ne pas trouver de successeur pour un dentiste n’est pas une fatalité. Pascal Vancraeyneste en fournit la preuve en installant deux nouveaux praticiens à Chaumont. Sa volonté et son implication ont payé et les nouveaux venus sont ravis. Explications.

L’offre de soins en Haute-Marne et donc à Chaumont est tellement désespérante et inquiétante que l’installation de deux jeunes dentistes devient un événement, un soulagement et même un miracle. En fait, l’arrivée, en décembre, à Chaumont de Florian et Oana Panduru n’a rien, justement, d’un miracle. Elle est due à la volonté d’un homme, leur prédécesseur, le Dr Pascal Vancraeyneste. Avec son épouse, l’accompagnement a été total auprès de ces deux jeunes à peine trentenaires qui viennent de Roumanie.

Continuité de soins

Pascal Vancraeyneste s’est installé à Chaumont, en 1987. Il avait alors pris le relais de Jean Marleix et signifiait déjà son attachement à son territoire, à son département et plus particulièrement à Chaumont. Or, lorsqu’il s’est agi de partir à la retraite, il était « hors de question de laisser sa patientèle de plus de 35 ans et de plusieurs générations dans la nature ». Il tenait à la continuité des soins d’autant plus qu’il est « tellement difficile de trouver des praticiens ».

Il a estimé avoir « le devoir d’assurer la pérennité du cabinet sachant que j’allais croiser les patients. Il en allait de ma responsabilité ». Alors, avec Nathalie Vancraeyneste, son épouse, il a entamé des démarches en s’y prenant à l’avance soit au début de l’année 2021 pour un départ à la retraite mi-décembre.

Entre les renseignements pris et les démarches administratives, la première annonce est parue en février sur un site professionnel en ligne. D’autres sont passées via les syndicats, le conseil de l’ordre des dentistes, les facultés… Mais, l’originalité de la démarche était de ne pas forcément « faire de l’argent avec la vente de la patientèle et du matériel. La priorité était de trouver quelqu’un sachant que ce genre de cabinet ne se vend plus ».

Du coup, le couple a fixé un prix de vente symbolique dès le départ pour ne pas s’enliser dans des transactions ou, tout simplement, ne pas avoir de réponses. Résultat : en mai, pour leur plus grand étonnement, il avait établi cinq contacts avec des personnes du nord du département, de la région parisienne ou du Massif Central avec, souvent, la volonté de rejoindre « une petite ville pour un confort de vie ».

Ensuite, Pascal Vancraeyneste a choisi le profil qui lui correspond le plus en termes de proximité, de disponibilité et de volonté de s’installer pour longtemps à Chaumont. Il le dit : « je voulais que mes successeurs aient le même état d’esprit que moi ». Son choix s’est alors porté sur les Dr Oana et Florian Panduru avec un accompagnement « aux petits oignons » dans les démarches administratives, pour les rendez-vous, en comptabilité et avec la reprise de l’assistante médicale.

Le couple a effectué ses études à Timisoara alors qu’ils sont originaires de villes similaires à Chaumont en matière de population. Dans un français parfait, ils expliquent que Chaumont ressemble à leur ville de naissance et que la crise sanitaire a précipité leurs choix. Après quatre ans d’exercice en Roumanie, entre des offres d’emplois aux Pays-Bas, au Danemark, en Irlande ou en France, ils ont très vite opté pour la France et, après avoir exercé en région parisienne durant une année, l’offre chaumontaise a été « un véritable coup de foudre » d’après Oana et Florian Panduru. Ils parlent d’évidence pour s’éloigner de vie quotidienne de Paris et pour profiter d’un cadre de vie exceptionnel.

Le couple s’en amuse mais ils avaient listé tous les écueils à éviter lors de la reprise d’un cabinet. Or, celui de Pascal Vancraeyneste n’en présentait aucun. Pour eux, l’accompagnement administratif est vital. Ils parlent d’un « cabinet modèle. Cela se passe rarement comme ça. En général, les prédécesseurs vendent et se barrent. Pas là ».

La meilleure affaire de sa vie

Florian Panduru n’hésite pas : « c’est la meilleure affaire de ma vie ». Il pense aux conditions de vie avec les 5 mn de trajet au lieu des 90 mn à Paris pour se rendre au boulot mais aussi ce relais passé en douceur au sein du cabinet et avec la patientèle.

D’un point de vue médical, le couple tient énormément à l’approche psychologique de leur métier, au service rendu et à ne pas laisser les malades en errance. Pour l’instant, il se partage le fauteuil durant la semaine et il en installera, peut-être, un second plus tard. En attendant, ils l’assurent, Oana et Florian Panduru vont porter la bonne parole autour d’eux pour faire venir d’autres praticiens en Haute-Marne et plus généralement en France.

Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr

Se donner les moyens de former de nouveaux dentistes

Président du conseil de l’ordre des dentistes, Jean-Michel Figard constate, depuis longtemps, que les cabinets ne se vendent plus. Il reste, aujourd’hui, 80 dentistes actifs après l’enregistrement de nombreux départs et d’autres, tout aussi nombreux, à venir.

En cause, pour lui, le manque de praticiens, le manque d’attractivité de la région, l’absence de facultés dentaires proches (elles sont à Reims et Nancy)… Puis, il le dit : « une nouvelle génération de praticiens qui privilégient leur qualité de vie. Ils travaillent moins, préfèrent travailler en groupe. Les cabinets individuels sont appelés à disparaître ». Il évoque aussi la féminisation de la profession. 

Face à cette situation, Jean-Michel Figard fait remarquer que de nombreuses politiques de santé ne fonctionnent pas. Il pense à la mise en place des zones de revitalisation rurale qui n’ont pas attiré de praticiens, à certaines maisons de santé qui vivotent, aux « ponts d’or » financiers et même à l’augmentation du nombre de praticiens. Effectivement, s’il en sort davantage des facultés, ils se répartiront sur le territoire mais les lieux de formation sont limités en moyens et ne peuvent pas former plus. Par exemple, Reims ne peut pas accueillir davantage d’étudiants.

Problème de budget

Pour Jean-Michel Figard, même l’obligation de s’installer sur un désert médical durant 4 ou 5 ans après les études ne serait pas forcément une solution. Il pose le problème des répartitions, de la suite et de la liberté d’installation. Par contre, il croit plus aux stages dits « actifs » qui obligerait les étudiants en facultés à aller vers des cabinets ruraux et qui permettrait de « donner goût à la Haute-Marne ». Problème : encore faut-il que les praticiens jouent le jeu.

Le docteur signale les besoins importants en Haute-Marne et plus particulièrement en ruralité. Il cite Rolampont, Andelot, Joinville… La tendance est tout aussi valable dans la Marne et dans l’Aube avec des patients qui viennent à Chaumont. Mais, pour lui, le nœud de la guerre reste et restera les moyens donnés pour solutionner le problème. « Tout est lié au budget alloué à la santé. Cela aurait dû être anticipé ». Il pense principalement à la formation initiale. 

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