Deux Chaumontaises pour illustrer Les Français
Yann Arthus-Bertrand a lancé une série de portraits intitulée Les Français, dont certains seront édités. Elisabeth François Roberty, maître-verrier installée à Chaumont, a été sollicitée pour y participer et figurer dans le livre à venir en 2025.
« L’équipe de Yann Arthus-Bertrand souhaite illustrer, entre autres, les maîtres d’art et l’artisanat d’art en général, dans chaque département. De passage à Montiers-en-Der, l’équipe nous a sollicité pour participer au shooting, et au livre », détaille Elisabeth François Roberty. Différents corps de métiers ont été contacté, des anonymes volontaires encouragés à participer. « Un tas de gens lambda réunis, c’est ça qui rend la chose intéressante, très humaine. Avant notre portrait, posaient une association de boulistes locaux, puis un policier. Après quoi, des gens avec une brouette pleine de choux et légumes d’hiver. Deux minutes pour prendre la pause, et c’est beau », décrit Elisabeth François Roberty qui a vu les épreuves. Yann Arthus-Bertrand maîtriserait, encore une fois, bien son sujet. Autant que la chaumontaise vitrailliste maîtrise bien le sien.
La lumière à coups de plomb
La maître-verrier, qui travaille avec sa fille Héléna en formation vitrailliste, a actuellement, entre autres, deux gros chantiers. L’un, plus artistique, concerne les vitraux de l’église de Vesvres-sous-Chalancey. « Là, la casse est ancienne. Les vitraux s’abîment par des facteurs variés. Le temps, tout simplement, la météo, les oiseaux ou encore le vandalisme, parfois », explique Elisabeth François Roberty. Ceux de Vesvres-sous-Chalancey datant des années 1900 sont particulièrement intéressants, les peintures sont délicates. Autre chantier, celui de l’église d’Ecot-la-Combe. 80 panneaux de vitraux sont à restaurer. Là, pas de peintures ni figures. Juste de la vitrerie, par assemblage d’extraits de verre colorés fixés au plomb.
Un patrimoine à préserver
Le patrimoine mondial du vitrail est à 60% français. Mais l’intérêt de l’hexagone envers cet artisanat a tendance à diminuer. « Contrairement aux Etats-Unis, où beaucoup de maisons de particuliers en sont ornées », constate Elisabeth François Roberty. Le vitrail n’est pas ou peu demandé en France, hors églises, ce que regrette la maître-verrier. L’essentiel de son travail passe donc par la restauration, responsabilités des maires, tributaires par ailleurs des subventions pour financer les travaux. « C’est un vrai patrimoine. Nous sommes le seul pays où l’on peut encore admirer des vitraux datant du 13ème siècle, à Chartres notamment. Les panneaux des cathédrales étaient les seuls à être mis en sécurité pendant les guerres », détaille Elisabeth François Roberty. Aujourd’hui la maître-verrier impose son talent en mixant la création à l’existant, méthodes ancestrales et regard moderne. Eblouissant mélange à démocratiser.
Elise Sylvestre