Deux cambrioleurs confondus par des tests ADN
Identifiés grâce à des empreintes génétiques prélevées sur des scènes de cambriolages, Mickey O’Neil et Boris Yurinov ont respectivement été condamnés à dix et dix-huit mois de prison ferme.
Les experts des méthodes de police scientifique ne se cantonnent pas aux grandiloquentes et récurrentes séries télévisées américaines. Tardivement exploités par les autorités françaises, tests ADN et autres procédés permettent de résoudre assassinats comme simples cambriolages. Deux prévenus l’ont appris à leurs dépens, hier, le juge Thil profitant de preuves irréfutables dans le cadre de deux dossiers impliquant des cambrioleurs patentés.
Comptant huit condamnations à son actif, Mickey O’Neil pensait couler des jours tranquilles en recelant le fruit de ses méfaits. Dans le courant du premier trimestre 2010, le monte-en-l’air franchit le muret délimitant une habitation. Arrivé à proximité d’une fenêtre, le délinquant se saisit d’une pierre et fait voler en éclats le double-vitrage. Une fouille en règle s’ensuit. Mickey O’Neil met notamment la main sur un briquet Dupont et un stylo en or.
Arrivés sur les lieux, les enquêteurs procèdent à différentes constatations. La pierre projetée dans le carreau de fenêtre est placée sous scellé. Le bloc finira par parler ! Des traces ADN sont prélevées. Après diverses vérifications, le profil génétique de Mickey O’Neil est clairement identifié. Confondu, le prévenu s’entêtera à nier l’évidence devant les enquêteurs…
Des traces en pagaille
Condamné à quatorze reprises – dont cinq peines de prison ferme -, Boris Yurinov a également été trahi par lui-même. En novembre 2009, à Saint-Dizier, ce délinquant notoire s’introduit dans un bâtiment et dérobe un jeu de clés. L’une d’elles lui permet de prendre place dans un véhicule de la fondation Lucy-Lebon. La voiture sera abandonnée quelques kilomètres plus loin. Quatre prélèvements sont opérés par les policiers. Les enquêteurs orientent notamment leurs investigations sur une paire de chaussettes retrouvée dans l’habitacle du véhicule. Des socquettes utilisées en guise de gants afin de ne pas laisser d’empreintes digitales… En y apposant ses mains, le prévenu aura laissé plusieurs traces ADN. Les délinquants ne sont jamais trop prudents…
Après ce premier méfait, Boris Yurinov récidive. Le cambrioleur force une fenêtre et subtilise six cartons de Champagne. L’homme s’est malencontreusement blessé au cours de l’opération. Des traces de sang sont décelées et plusieurs échantillons sont immédiatement prélevés.
Les analyses opérées par les scientifiques de la Police nationale ne tarderont pas à permettre l’identification de Boris Yurinov, ce dernier, confronté à sa culpabilité, étant gagné d’un soudain brin de jugeote en choisissant de ne pas contester les faits. Trahis par leurs ADN, Mickey O’Neil et Boris Yurinov ont respectivement été condamnés à dix et dix-huit mois de prison ferme.
L’ADN, cette preuve – presque – irréfutable
Parmi les différentes preuves mises en avant par défense et accusation, les tests ADN font figure d’éléments irréfutables. Utilisés sur le territoire français à des fins d’investigations judiciaires depuis 1990, ces tests ont permis de résoudre de nombreuses affaires. Dans chaque cheveu, poil, morceau de peau ou liquide organique, les scientifiques sont capables de déceler l’acide désoxyribonucléique, autrement nommé ADN. Support de l’information génétique héréditaire, la molécule tire son avantage de son unicité. A l’exception des jumeaux, chaque individu détiendrait un seul et unique patrimoine génétique. L’ADN est particulièrement résistant. Il a ainsi été possible d’identifier la dépouille du fils de Louis XVI et Marie-Antoinette au début du XXème siècle suite à l’analyse d’un fragment de coeur du dauphin.
L’ADN peut toutefois prêter à de graves et rares erreurs d’interprétation. En 2005, Jean-Luc Cayez avait ainsi prélevé dans une poubelle collective des préservatifs utilisés par un voisin afin de brouiller les pistes suite au viol et à l’assassinat d’une jeune femme. Après avoir prélevé le contenu, le violeur récidiviste avant répandu un échantillon de sperme dans le vagin de la victime. Les enquêteurs auront, par bonheur, déjoué la machination et ainsi innocenté un voisin sous la menace d’une preuve irréfutable… Une certitude rapidement écartée suite à la découverte de plusieurs éléments accablant l’auteur de cette machiavélique machination.