Deux agressions au couteau, une tentative de viol, merci à la rumeur de ne pas en rajouter
Année 1992, un samedi, le 15 du mois de février. Langres a été secoué par une série de faits-divers. Ils sont graves par-dessus le marché. Pourtant, la rumeur s’en mêle pour en inventer d’autres.
Vilaine année 1992 à Langres, avec deux agressions au couteau et une tentative de viol. Mais tous les Langrois ne s’en satisfont pas, et ils sont assez nombreux pour que le phénomène d’emballement qui s’enclenche soit loin de passer sous les radars. C’est la rumeur qui se met à faire des ravages, plus de sordide s’il vous plaît, ce sera plus de frissons et, manifestement, nous en manquons. Difficile de savoir exactement comment les trois vraies tristes affaires en deviennent six, avec un pseudo calcul à la clé qui établit au total que « les agressions se sont multipliées » au point que la cité des remparts entre dans la catégorie des poids-lourds -Paris, Lyon, Marseille et Langres, sur un pied d’égalité en matière de crime. Et ces trois faits-divers supplémentaires fabriqués de toutes pièces font l’objet d’un commérage actif, Langres bruisse presque autant de ces inventions que de la série de faits réels déplorés. Un viol, il y en a eu un vrai, un autre, premier produit d’une imagination morbide. Et la victime a été retrouvée… morte. Ce n’est pas tout, donc. On a aussi découvert un cadavre à Blanchefontaine. Enfin, un restaurant a été braqué, tiens, c’était même à la fin de la semaine du 10 février.
Rien n’est dit de ces misérables histoires dans la presse locale ? Évidemment que non : elle les met sous le tapis, la bougresse. C’est dans son « intérêt ». Loin d’elle l’idée d’augmenter ses ventes, il ne lui viendrait surtout pas à l’idée de faire juste son travail, en rendant compte. C’est qu’il faut bien expliquer pourquoi ces inventions macabres ne s’y trouvent pas.
Refaisons les comptes : cette année-là, il y a trois drames -les deux agressions et la tentative de viol- et puis une désolation -le fléau de la rumeur.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr