Déterminant – L’édito de Christophe Bonnefoy
Cette fois, les mots ne suffiront pas. L’empathie n’endiguera pas la colère. Et même un mea culpa et des promesses ne seront pas assez forts pour calmer les esprits. Emmanuel Macron le sait. C’est sans doute pour cette raison qu’il est resté silencieux pendant de longs jours. A l’évidence, toute parole prononcée par le président de la République et quelle que soit la teneur du propos, n’aurait eu pour seule conséquence que d’attiser la grogne. Paradoxalement pourtant, les Gilets jaunes – et les Français dans leur majorité – attendaient du chef de l’Etat un signe, un simple signe qui aurait pu permettre de faire retomber la pression. Ce silence, sans doute traduit par l’exécutif comme une forme de sagesse du Président – ne jamais réagir à chaud et prendre la hauteur nécessaire – a au contraire été considérée par l’opinion comme une forme de dédain. Face à cette marée de sentiments contradictoires, le gouvernement n’a pas su gérer. Il le reconnaît aujourd’hui.
L’intervention d’Emmanuel Macron, en ce début de semaine, sera donc déterminante. Et même, peut-être, engagera la suite de son quinquennat. Lui dont le programme marche à l’économie, déficit oblige, ne peut pas faire celle de mesures concrètes et fortes. Très fortes. De celles qui marquent un mandat. Ses annonces seront forcément liées au pouvoir d’achat. Mais il pourrait, aussi, aller plus loin, en bouleversant la manière habituelle de faire de la politique. A l’heure où on entend des « Macron démission » ou des appels à la dissolution de l’Assemblée nationale, il est primordial de remettre le citoyen au centre de l’échiquier. De quelle manière ? Si le discours présidentiel passe auprès de l’opinion, les trois mois de concertation annoncés pourraient permettre de répondre à la question. Le chef de l’Etat joue en tout cas très gros, c’est certain.