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Dessous chics et intentions vulgaires

Le mot “race” n’a pas encore été banni de la terminologie propre à la sphère judiciaire… Qu’elles soient éducatrice au service de la Protection judiciaire de la jeunesse ou demandeuse d’emploi, des Françaises se font toujours traiter de “bougnoule” ou de “bicote” par des citoyens de pure souche. La justice des hommes fut rendue. Rendez-vous dimanche, à Brachay, là où la Haute-Marne a le blues.

Triste et sinistre, l’audience prenait une dimension particulière. Habitués à voguer sur les eaux sombres propres à Zola et Faulkner, magistrats, avocats, greffière et huissier se laissaient séduire par la frivolité inhérente aux écrits de Feydeau et Courteline. “Les dessous chics, c’est ne rien dévoiler du tout” dit la chanson. Maîtres Larrière et Cotillot auront fait tomber le haut, chacune dévoilant les langoureux contours d’une affaire au faux scénario de Série B.

Le juge Thil se plongeait dans une atmosphère des plus sulfureuses animée des bas et ébats de deux anciens époux. A l’occasion d’une visite nocturne dans un grenier, sous le feu de la lampe frontale de son prétendant, une femme en pyjama aurait favorablement répondu à une proposition indécente avant de se raviser. La fuite de l’ingénue aurait été émaillée de diverses chutes justifiant une série de lésions constatées par les membres du corps médical. Tourtereau éconduit, monsieur aura été poursuivi pour des faits de violence. Des menaces de mort auraient également été proférées. «Je vais te balancer dans le vide». Oui, le vide… La belle de nuit fut quant à elle poursuivie pour dénonciation calomnieuse.

«Elle a défait son manteau, elle a levé son pyjama et m’a montré ses seins», assurait le prévenu avant de nier toute atteinte à l’encontre d’une «voleuse» et «menteuse», une femme à l’esprit «volage». «Monsieur a été cocufié comme jamais ! Madame faisait envoyer des petites culottes par son amant à monsieur, le divorce a été prononcé, mais madame n’a pas hésité à avoir une relation sexuelle avec monsieur dans une baignoire quelques mois plus tard», révélait Me Cotillot avant de dénoncer de régulières dénonciations calomnieuses imputées à l’ex-femme de son client.

Au cœur du droit

«Monsieur serait innocemment venu chez son épouse un 26 décembre au soir afin de chercher des documents dans un grenier… L’idée qu’il avait derrière la tête est celle qu’il avait en dessous de la ceinture, répliquait Me Larrière au nom de la prétendue friponne. Passons sur les petites culottes envoyées à monsieur, les Romains avaient d’autres trophées à l’époque de la conquête de la Gaule, une chose est certaine, monsieur ment comme il respire !»

Ces langueurs dissipées, les deux avocates oubliaient bagatelles et légèreté pour en venir au cœur du droit. «Madame a reconnu être tombé suite à une glissade à l’occasion d’une audition, martelait Me Cotillot. En matière de droit, il faut des éléments matériels, je n’ai pas à prouver l’innocence de cet homme, il appartient au Parquet de démontrer la culpabilité de mon client, aucun élément concret n’est avancé, dans cette situation, le doute doit profiter au prévenu !» Souhaitant apporter sa lumière – frontale – aux débats, Me Prélot venait de requérir la culpabilité de monsieur et la relaxe de madame…

«Ma cliente est absente, elle n’aurait pu supporter ce qu’elle a entendu aujourd’hui, deux certificats médicaux attestent des violences endurées», poursuivait Me Larrière. Emoustillé et néanmoins soucieux de la juste réponse à apporter à un dossier aux accents pathétiques, le juge Thil mettait l’affaire en délibéré. Justice sera rendue en date du 7 octobre. “Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté”.

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