Désamorçage – L’édito de Christophe Bonnefoy
On ne peut être que sur la réserve, quand on est agriculteur, à l’annonce par Gabriel Attal des mesures censées apaiser les colères. La raison en est simple : le Premier ministre n’allait pas être l’instigateur d’une révolution. Impossible d’apporter ce vendredi au monde paysan des remèdes miraculeux à leurs maux. D’ailleurs, si ça avait été le cas, on aurait aussitôt reproché au monde politique de ne pas les avoir sortis auparavant du tiroir. Ensuite, le Premier ministre – et le Président – sont tout bêtement coincés par l’Europe et ses règles.
Quoi qu’il en soit, et face à une situation qui peut parfois glisser, ça et là, vers la violence, l’exécutif ne pouvait pas rester silencieux. Emmanuel Macron retenu en Inde (!!!), c’est Gabriel Attal qui allait tester sur le terrain, sa capacité à convaincre. Alors pansement sur une jambe de bois ou vraies réponses à un vrai désespoir ?
Les paysans ne prendront pas tout pour argent comptant. Reste que le gouvernement a eu l’intelligence, en plus d’enrober ses réponses d’habituelles belles paroles, de proposer quelques solutions immédiatement applicables, en théorie. La simplification des procédures, par exemple. Inscrite dans le marbre par décret, la mesure ne se fera ainsi pas attendre pendant des mois. Une autre simplification, celle des normes, sera en revanche bien plus longue à mettre en place. La suppression de la hausse de la fiscalité sur le gazole non routier, était, elle, attendue. Annonce choc : des sanctions contre trois entreprises dans le cadre de la loi Egalim. De quoi marquer les esprits.
Mais au final, si on devait résumer la pensée des principaux intéressés : on attend de voir. Entre envie d’y croire et tentation de ne plus faire confiance. Les prochains jours seront à observer avec attention. On est là dans une sorte de funambulisme politique. Face à des manifestants à qui “on ne la fait pas”. Ou plus. Le fameux bon sens paysan.
c.bonnefoy@jhm.fr