Des Terminales de Saint-Ex solidaires avec Mayotte

Depuis plusieurs mois, des élèves de Terminale Agora du lycée Saint-Exupéry ont décidé d’aider une association de Mayotte, qui scolarise des enfants immigrés. Malgré une situation tendue sur place, les fournitures collectées devraient être acheminées prochainement.

« On les appelle les invisibles, là-bas. Ils sont là, mais c’est comme si personne ne les voyait… » Ceux dont parle Omar Ambririki, professeur de Lettres et d’Histoire-Géo au lycée Saint-Exupéry, ce sont des enfants de Mayotte, « des enfants issus de l’immigration qui n’ont pas de place dans les écoles de la République et qui ne sont donc pas scolarisés. » C’est là qu’entre en jeu l’Association culturelle et éducative de Kaweni Bandrajou (ACEKB). « Ils recueillent tous les enfants qui traînent dans les rues pour les scolariser. Des bénévoles leur donnent des cours dans une maison privée transformée en école. »

« Dès que ça n’allait pas, je regardais la vidéo tournée dans les locaux de l’association et je me disais : “Non, je ne peux pas abandonner…” »

Mais l’association manque d’à peu près tout. Les élèves de Terminale Agora ont donc décidé de leur venir en aide, dans le cadre de leur Chef-d’œuvre, une matière dans laquelle ils doivent travailler sur un projet collectif ou individuel. « On a commencé en classe, durant les heures de cours dédiées. On a fait un planning, des affiches pour une collecte de fournitures, on a cherché des hébergements sur place pour emmener les fournitures scolaires… », liste Bénédicte Perreau, professeure d’Economie-Gestion. « On avait choisi de faire la collecte au lycée, en mars 2023, le jour des portes ouvertes. Mais rien… On a eu aucun don… »

Première péripétie pour cette initiative, qui intègre alors le dispositif de la Cité éducative. Présenté en juin 2023, le projet va connaître un nouveau coup de frein. « Au vu de la situation compliquée à Mayotte, la sous-préfecture a préféré attendre la rentrée pour autoriser le déplacement. » Mais professeurs et élèves ne baissent pas les bras. En juillet 2023, la collecte est inscrite dans la liste des actions proposées aux enfants de CM2 dans le cadre du Passeport du civisme. Ce sont finalement eux qui feront la collecte dans leurs écoles.

257 kilos de matériel scolaire collectés

Novembre 2023 : le voyage à Mayotte est accepté et le financement validé. Les 257 kilos de matériel scolaire collectés par les CM2 bragards, auxquels s’ajoutent des sacs à dos entièrement équipés offerts par le centre socioculturel et des ordinateurs remis par la Ville, sont triés, emballés, prêts à être expédiés à Mayotte.

Mais sur l’île, la situation se dégrade. Tant et si bien que le voyage est finalement annulé. « A un moment, je n’y croyais plus. Avec autant d’embûches et d’obstacles, je me suis dit qu’on n’irait pas au bout, mais à chaque fois, on a trouvé des solutions », reconnaît Omar Ambririki. « Dès que ça n’allait pas, je regardais la vidéo tournée dans les locaux de l’association et je me disais : “Non, je ne peux pas abandonner…” », lâche Bénédicte Perreau. Alors si les élèves ne peuvent pas partir à Mayotte, les fournitures scolaires, elles, seront bien acheminées d’ici quelques semaines.

Vers un partenariat durable avec Mayotte ?

Et ensuite ? Les quatre élèves de Terminale présenteront ce projet solidaire le jour du Bac. Les deux enseignants, eux, se rendront à Mayotte pour vérifier la bonne livraison des marchandises. Omar Ambririki, lui, ne rentrera d’ailleurs pas en métropole, puisque sa mutation sur l’île vient d’être acceptée. Et dans les années qui viennent, Bénédicte Perreau aimerait poursuivre ces actions de solidarité envers l’association mahoraise, via un partenariat au long cours. Car si on ne sait pas exactement combien d’enfants sont déscolarisés à Mayotte, les besoins de l’association sont énormes…

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr