Des pertes de repères dans les fermes

Conjoncture. Dans un contexte géopolitique instable, les agriculteurs haut-marnais ont perdu de nombreux repères. CER France se risque à une projection sur trois ans.  

« Tous les curseurs ont bougé ». Arnaud Kraepiel justifie ainsi la note de conjoncture émise par CER France à destination des agriculteurs du département. « Où en sommes-nous ? Que faut-il envisager pour les trois années à venir ? Quelles précautions prendre ?». Avec Nicolas Girault, il tente d’y répondre alors que la situation est mouvante et assurément transitoire. Autrement dit, les cours des céréales, par exemple, ne resteront pas aussi hauts.

L’exercice est complexe mais permet d’avoir le sens du vent et de réagir. CER France est parti sur l’hypothèse d’un blé à 250 € la tonne en 2022 et 310 en 2023, d’un colza à 800 puis 730 et une orge d’hiver à 300 sur deux ans. Il est aussi parti sur des charges qui augmentent encore en 2023-2022 après la hausse de 2021-2022. Par exemple, le prix de l’engrais a doublé et est appelé à prendre 50 % l’an prochain.

Des repères mouvants

Selon l’organisme, avec une récolte de 64 q/ha en blé (plus que cette année), l’excédent de trésorerie serait de 45 € la tonne en 22, de 51 € en 2023 mais, attention, de – 53 € en 2024. Pour le colza, l’idée est la même sauf que les charges sont plus élevées et que, dès 2023, le déficit de trésorerie serait de 15 € la tonne et de 127 € en 2024. Le seul espoir est que CER France a fait ses calculs sur un rendement de 25q/ha. Or, cette année, il est plus près de 35. Cette année, l’excédent de trésorerie serait de 268 € la tonne.

La situation est beaucoup plus compliquée en lait avec des charges qui augmentent alors que le prix du lait ne progresse pas en proportion. Cer France a retenu une moyenne de 400 € la tonne pour 2022 et 2023. Rien n’est moins sûr mais, déjà, avec ces prix-là, les éleveurs laitiers perdraient de l’argent : – 23 € la tonne en 2022 et – 66 en 2023.

La semaine prochaine : quelle stratégie adopter ?