Des liasses de billets sous le siège passager
De nationalité serbe, un homme établi en Espagne a été confondu, le 20 juin 2023, sur l’aire autoroutière de Vesvres-sous-Chalancey, par la découverte de 27 440 € dissimulés dans une cache aménagée. L’heure est venue de payer l’addition.
Me Lalloz confia ne pas le savoir, c’est dire, mais il est interdit de circuler en possession de plus de 10 000 € en numéraire. Il est vrai, aller et venir en possession de milliers d’euros n’est pas commun pour qui, en dehors de quelques bienheureux, ne s’adonne pas à trafic de stupéfiants, proxénétisme, vente d’armes, évasion fiscale, travail dissimulé ou blanchiment.
Le 20 juin, à 8 h 30, sur l’aire autoroutière de Vesvres-sous-Chalancey, l’attention des fonctionnaires de la brigade des Douanes de Chaumont était interpellée par un véhicule Volkswagen Touran immatriculé en Espagne et affublé de plaques aimantées à l’effigie de la société Dental Pro. Le conducteur est tiré de son sommeil par les douaniers. De nationalité serbe, établi en Espagne, Nenad P. a 2 000 € en poche. Les douaniers poussent leurs investigations et découvrent une trappe menant à une cache aménagée sous le siège passager. Deux enveloppes “thermosoudées” seront découvertes, l’une contient 15 300 €, la seconde renferme 12 140 €.
“Sièges dentaires”
Père de famille, inconnu de la justice en France comme en Espagne, Nenad P. se présente en professionnel de réparation et de fourniture de sièges dentaires. Le prévenu aurait cédé deux équipements d’occasion à des détaillants polonais à l’occasion d’une rencontre à Hambourg. Les sommes découvertes seraient le fruit de ces ventes. Pourquoi les dissimuler ? « L’année dernière, à Marseille, on m’a volé 5 000 € dans ma boîte à gants pendant que je dormais, j’ai été déposer plainte ! » Allez, pourquoi pas…
Plus troublant. Nenad P. aurait acheté le véhicule qu’il occupait, immatriculé au nom de son cousin, « en Allemagne », « à un Iranien », avant de découvrir l’existence d’une cache aménagée. Les douaniers en auront découverte une seconde, vide, sous le siège conducteur. Des analyses auront permis de révéler que ces ingénieuses options ont abrité des stupéfiants.
Nenad P. réfute s’adonner à la moindre activité frauduleuse. Le prévenu assure travailler « depuis cinq ou six ans » pour son cousin, à la tête d’une « micro-entreprise » espagnole, spécialisée dans la vente de sièges dentaires d’occasion. Une façade aux yeux d’un représentant des Douanes. « Les sièges dentaires sont des dispositifs médicaux, on ne s’improvise pas réparateur ou détaillant de matériels répondant à des normes européennes ». Le prévenu assura travailler pour des détaillants écoulant des sièges dentaires issus de pays riches auprès de dentistes « polonais, tchèques, portugais ou slovaques ».
Addition salée
La société Dental Pro existe-t-elle réellement ? Une façade aux yeux de l’accusation. Par la voix d’une interprète, le prévenu assura ne pas avoir été en mesure de démontrer sa bonne foi. « J’ai voulu appeler notre comptable, mais pour pouvoir passer un appel, il a fallu que j’attende trois jours, je suis présumé innocent mais on me demande de prouver mon innocence ! » Me Lalloz poursuivit. « On a retrouvé du matériel et un terminal de paiement dans le véhicule, monsieur a donné l’identité de son cousin, il a présenté un contrat de travail et deux fiches de paie, mais forcément, tout est faux », poursuivit Me Lalloz avant d’appeler à la relaxe de son client pour les accusations de blanchiment.
Vain appel. Condamné à un an de prison avec sursis, visé par une interdiction de paraître sur le territoire national d’une durée de dix ans et une confiscation des sommes découvertes, à l’exception des 2 000 € amassés dans une de ses poches, Nenad P. devra honorer deux amendes douanières d’un montant global de 41 160 €. Ça fait mal aux dents.
T. Bo.