Des inconnues – L’édito de Christophe Bonnefoy
Des inconnues – L’édito de Christophe Bonnefoy
On pourrait penser être là-bas, loin, dans ces pays où la démocratie est balbutiante ou n’est carrément plus inscrite dans les petites lignes d’un dictionnaire. Mais l’Espagne est juste à côté.Les événements des derniers jours au pays de la corrida placent au centre de l’arène cette fameuse démocratie, joyau à préserver pour les uns, carcan à faire sauter pour les autres, en l’arrangeant au passage à leur sauce.
Les Catalans ont semble-t-il choisi la voie de l’indépendance. Le gouvernement – et le roi – espagnols y opposent le respect de la Constitution. Tout aurait peut-être pu se négocier. Mais les violences et la surenchère mettent le pays en danger.
De la démocratie – relativement neuve – qu’on louait il n’y a encore pas si longtemps, on craint de glisser vers un tel durcissement des positions, qu’il pourrait faire voler l’unité apparente en éclats. Quand les indépendantistes n’en démordent pas et semblent prêts à tout pour faire respecter le résultat d’un référendum jugé illégal par Madrid, les instances gouvernementales annoncent quasiment qu’elles s’opposeront à cette sorte de putsch par tous les moyens.
Nul doute que les tensions s’apaiseront – on l’espère en tout cas – dans les jours à venir. Il le faudra bien, au risque d’assister à un pourrissement d’une situation qui pourrait mener au pire dans les rues espagnoles. Se posent néanmoins deux questions. Si la Catalogne baisse pavillon, subsistera de toute façon une rancœur qui pourrait refaire surface à la moindre occasion. Si son indépendance lui est finalement accordée, on se demande bien avec quels moyens et donc pour quel avenir. Une chose est sûre : ce face-à-face entre Madrid et Barcelone est une sacrée épine dans le pied du gouvernement espagnol.