Des haies pour la biodiversité
Nature. Ce jeudi 3 février, 800 mètres de haies ont été plantés autour d’un terrain agricole à Arc-en-Barrois. Au-delà de favoriser la biodiversité et les auxiliaires de culture, les bénéfices se trouvent dans la diminution des bourrasques de vent, des glissements de terrain et des températures.
« Nous entendons plein de belles paroles sur l’écologie, « Il faut faire … », mais personne ne fait », pointe Sébastien Huvig, agriculteur bio et apiculteur à Arc-en-Barrois. Ainsi, avec des membres de la fédération départementale des chasseurs (FDC 52) et des élèves de la maison familiale et rurale (MFR) de Buxières-lès-Villiers, il a planté 800 mètres de haies autour de son champ. « Les chasseurs, les agriculteurs et les apiculteurs ont les mêmes besoins », soutient-t-il.
Pour cause, ces haies servent à protéger les cultures des glissements de terrain, des bourrasques de vent, des températures élevées et des ravageurs. Mais elles favorisent aussi la biodiversité et le développement de la faune. « Elles touchent toute la faune, autant les insectes que les petits gibiers. Elles incarnent un lieu de reproduction, de nidification, ainsi qu’une source de nourriture, des habitats et une protection contre les rapaces », explique Louis Briat, chargé de mission environnement à la FDC 52.
Pris en charge à 100 %
Ce chantier a entièrement été réalisé bénévolement. Au total, 1 600 plants de 25 essences différentes ont été mis en terre sur deux lignes sur les bords du champ. Bien entendu, cela prend de l’espace sur le terrain. « Là je perds 1 hectare, mais j’y gagne derrière. Il faut changer la mentalité des agriculteurs. Il faut savoir perdre 20 % de culture pour récupérer de la biodiversité derrière », soutient Sébastien Huvig.
Ces plantations de haies s’inscrivent dans l’un des 14 projets du département, couvrant une surface totale de 7 km. Elles sont prises en charge financièrement à 100 %. Dans le cas du champ de Sébastien Huvig, dont le coût s’est élevé à 3 000 €, 50 % a été pris en charge par le Conseil départemental et le reste par l’Afac-Agroforesterie et par le FDC 52. En échange, l’agriculteur s’est engagé à dispenser des formations d’apiculture à la MFR.
Ces projets s’adressent autant aux communes, qu’aux particuliers et aux agriculteurs. Dans certains cas, ces haies servent à créer des corridors écologiques entre deux forêts. Néanmoins, tous les terrains ne sont pas propices à leur plantation. « Nous n’allons pas planter à côté d’une route, d’une ligne de chemin de fer ou électrique pour ne pas qu’il y ait d’accidents », explique Louis Briat.
Contacts pour étudier un nouveau projet de plantation de haies : lbriat@chasseursdefrabce.com et 06.38.64.44.35.
Julia Guinamard
Des erreurs de l’industrialisation
A la sortie de la 2nd Guerre mondiale, le monde agricole français n’est pas industrialisé, contrairement à celui des Etats-Unis. Alors que la France a besoin de financement pour se reconstruire, le pays de Big Brother accorde à l’hexagone, ainsi qu’à d’autres pays européens, des prêts avec la signature du Plan Marshall en 1947. Dès lors, la France rompt les liens avec ses partenaires agricoles traditionnels au profit des Etats-Unis, et, surtout, elle modernise son agriculture sur le modèle américain.
« Si demain le lait doit être rouge ou les pommes carrées pour être vendues, il faudra que l’INRA se consacre à ça », soutenait en 1961 le ministre de l’Agriculture Edgard Pisani. Ainsi, à partir des années 60, les terres agricoles françaises sont remembrées au nom de la concurrence internationale. Les petites parcelles sont transformées en grands champs. Et pour agrandir les surfaces agricoles, des kilomètres de haies et de talus sont rasés avec des bulldozers et tractopelles… importés des Etats-Unis bien sûr ! En replantant aujourd’hui des haies, une partie des plaies de cette industrialisation sont pansées.