Des étudiants en souffrance à cause de la crise sanitaire
Depuis le début de la crise sanitaire, les étudiants s’adaptent et vivent au rythme des confinements, du couvre-feu, des restrictions et surtout du développement des cours en distanciel. Le JHM donne la parole à sept étudiants dans une page spéciale de son édition papier. Voici deux témoignages marquants.
Lisa Lesserteur, 20 ans : « Nous sommes les grands oubliés »
Etudiante en deuxième année de Licence physique-Chimie à Dijon.
« Je ne comprends pas pourquoi, nous, les étudiants, sommes les grands oubliés de cette crise sanitaire. Pourquoi tout le monde peut aller faire ses courses, aller en vacances, et nous, on ne nous donne même pas le droit de retourner étudier dans des conditions correctes ?
Pourquoi les étudiants de classes préparatoires, d’enseignement privés ou même des BTS ont-ils droit à un cursus 100 % en présentiel ?
De plus, nous sommes enfermés dans des appartements toute la journée, nous ne pouvons voir personne. Certains étudiants se sentent seuls, isolés et nous avons tous peur d’un échec scolaire. Comment pouvons-nous apprendre correctement en n’ayant que des contacts à distance avec nos enseignants ? Je pense sincèrement que cette situation est compliquée autant pour les étudiants que pour les professeurs. Les enseignants partagent leur « savoir » à un écran d’ordinateur et pour les étudiants, ce ne sont vraiment pas des conditions adéquates pour étudier.
Il faut savoir que dans l’enceinte de la faculté, les règles d’hygiène sont respectées. Nous avons du gel hydroalcoolique à disposition, nous sommes espacés dans le but de respecter la distanciation sociale et tout le monde porte un masque.
Au vu des conditions sanitaires actuelles, nous allons sûrement finir notre année en distance. Mais nos partiels, eux, sont en présentiel pour « la valeur du diplôme ».
Et étrangement, dans un contexte d’examen, nous pouvons remplir des amphithéâtres.
Nous sommes la génération de demain, alors qu’aujourd’hui et depuis presque une année nous sommes, nous les étudiants, les oubliés. »
Benjamin Thiery, 19 ans : « Nous avons pris beaucoup de retard »
Benjamin Thiery, originaire d’Auberive, est étudiant à Bar-le-Duc en 2e année de BTS ACSE.
« Depuis début novembre, nous alternons le distanciel et le présentiel… Aujourd’hui, nous nous y adaptons et les professeurs aussi car il y a une bien meilleure organisation même si nous ne voyons pas autant de choses en distanciel. Nous traînons encore beaucoup de lacunes. Les cours à distance nécessitent d’être très organisé et nous pouvons facilement être dérangés. D’autant plus que très peu de professeurs font des cours en visioconférence, ce sont donc des exercices qu’ils nous envoient et quid du cours qui va avec ? La période que vivent les étudiants est difficile d’autant plus que nous n’avons aucune visibilité (allons nous passer à 100 % de distanciel ? Comment va se dérouler notre examen ? Y aura-t-il des adaptations d’épreuves ?).
Alizée, 20 ans : « Les cours à distance sont un calvaire »
Alizée est étudiante en Licence 2 à l’UFR Staps à Reims. La jeune femme est originaire de Rouvroy-sur-Marne.
« Mes cours de sport sont obligatoires et en présentiel. Pratiquant la boxe (et la natation une fois toutes les deux semaines), nous faisons sport sans masque, et sans distanciation physique ! (…) Les cours à distance pour les autres matières se déroulent par créneaux de deux heures, derrière un ordinateur, sans pause. Tout d’abord, les enseignants nous informent peu – voire pas du tout – sur la plateforme d’enseignement pour le cours. Après, étant connectés au cours, nous nous rendons compte qu’il y a énormément d’enseignants en difficultés numériques. Le déroulement des cours à distance est un calvaire, et je pèse mes mots. La distraction extérieure est totale. (…) Un autre problème s’ajoute, il concerne les cours en asynchrone. Ce sont des cours qui sont balancés sur la plateforme universitaire (Moodle) sans aucune explication du professeur. J’ai eu un cours magistral de biomécanique de 86 diaporamas uniquement de formules et schémas, sans en comprendre la finalité ni l’intérêt !
Problèmes de connexion
Nous avons également des problèmes numériques. Nous sommes beaucoup à avoir un message que nous connaissons par cœur : “Aucune connexion à Internet n’est disponible, en attente de reconnexion”. Les enseignants, ainsi que de nombreuses personnes extérieures à l’université pensent que c’est beaucoup plus simple, les cours à distance. Sauf que cette croyance mène les enseignants à envoyer des mails deux semaines avant les examens du premier semestre avec une quantité monstre de travail à réaliser, beaucoup d’étudiants de ma promotion se sont plaints, en vain. (…) Les problèmes psychologiques sont aussi présents, nous devons trouver un stage en “animation sportive”, mais avec la situation sanitaire, allez trouver un stage sportif ! Sauf que ce stage est noté et rentre en compte dans l’obtention ou non du semestre et donc de la licence universitaire. Si vous n’avez pas de stage, vous avez 0 et donc devez redoubler votre année. C’est très pesant psychologiquement avec cette pression de devoir trouver alors que les infrastructures sportives sont fermées. »