Des épiceries sur-mesure proposées aux bénévoles
L’association des maires ruraux avait relayé l’invitation du mouvement citoyen Bouge ton coq, créateur d’une plate-forme de dons. Un de ses employés est venu à Cohons présenter son modèle d’épicerie participative, mercredi 9 février. Et lancer un appel à candidatures valable pour toute la Haute-Marne.
« Il faut un peu le voir pour le croire, mais ça marche ! ». À Cohons mercredi 9 février, Aymard de la Guillonnière a défendu l’intérêt de créer des épiceries participatives en zone rurale, via la première plate-forme de dons que le mouvement citoyen Bouge ton coq a créée. Ce sont les habitants qui font tourner l’épicerie, en donnant 2 h de leur temps par mois. « Ça suffit, ce n’est pas un mensonge ». Les villageois acquièrent la qualité d’adhérents, condition indépassable pour devenir ses clients. Les produits qu’ils trouvent dans leur épicerie sont ceux qu’ils ont choisi de référencer. « Pour que l’épicerie soit ouverte 5 jours par semaine, il faut 40 adhérents ». Le 23 octobre dernier, Bouge ton coq a signé une convention de partenariat avec le Département. Un appel à projets est lancé. La collectivité s’est engagée à verser 2 000 € aux 10 premiers candidats. S’ils sont davantage dans une limite de 50, Bouge ton coq prendra le relais, avec une enveloppe de 1 100 €. Les citoyens ont jusqu’au 28 février pour se manifester.
Mobilité en question
« L’épicerie a juste besoin d’un local avec un réfrigérateur classique pour stocker les produits frais le temps que l’adhérent vienne les chercher, d’étagères pour les produits secs, d’un ordinateur avec une connexion Internet. L’investissement rentre donc dans l’enveloppe ». Aymard fait valoir que Bouge ton coq a permis l’ouverture de 100 épiceries participatives. « Une seule a fermé. Comme l’investissement financier est nul, c’est simplement un peu de leur temps que ses créateurs ont perdu ». Forte de l’antienne qui veut que l’union fasse la force, Aymard glisse qu’ « en achetant en gros », les prix des produits dans l’épicerie se rapprochent de ceux de grossistes. Selon ce modèle, l’épicerie est en mesure d’alimenter un millier d’habitants. « Mais ici, c’est une ville ! ». Parmi les élus et présidents d’associations du 3e âge présents -moins de 10- on oppose à Aymard la taille des villages d’ici, de « moins de 200 habitants ». Total, il faut un rayon de 10 à 15 km pour atteindre le seuil du millier. On s’escrime toutefois à chercher soi-même une solution pour adapter le modèle citoyen, pour lequel on semble témoigner de la sympathie. « Et une épicerie dans un camion mobile ? C’est que les personnes âgées ne peuvent pas se déplacer ». Aymard convient que la question est de plus en plus posée à Bouge ton coq. Reste que, « du coup, c’est plus lourd ». D’autant que « les personnes âgées de plus de 70 ans sont dispensées de donner de leur temps ». Néanmoins, il indique que les adhérents peuvent « décider que, sur un créneau, ils portent les courses et vont chez les gens avec un ordinateur pour passer commande ». Cette fois, c’est passer de l’idée de changement à celle de révolution…
Pouvoir d’aimantation
« Ce qu’on aime bien, c’est les gens ensemble ». Aymard insiste sur l’état d’esprit qui sous-tend ces épiceries participatives. Non seulement elles ont le pouvoir de réunir, mais elles aimantent. Il suggère d’y mettre table et chaises pour que les adhérents puissent prendre un café, voire « montent un café participatif à côté ». Bouge ton coq est aussi en discussion avec La Poste. « Une expérimentation va bientôt être engagée avec les médecins dans la Creuse ». Et pour les plus modestes d’entre nous, « des tests sont en cours avec la CAF qui chargerait les cartes des adhérents, l’épicerie aurait alors aussi une vocation solidaire ». Et puis il y a des épiceries qui tournent « avec des monnaies locales ». La réunion a duré deux heures. Au regard du nombre de territoires qui restent à conquérir, l’ambassadeur de Bouge ton coq propose de se reparler en visio’, il se tient à la disposition des élus et des citoyens.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Appel à candidatures, mode d’emploi
Les candidats qui doivent réunir au moins un membre du conseil municipal et un citoyen ont jusqu’au… 28 février pour manifester leur intérêt à monter une épicerie participative. . Il leur faut remplir un formulaire sur le site bougetoncoq.fr ou demander à l’AMFR de le leur adresser. « On ne veut pas mettre un coup de pression ». Toutefois, Aymar convient que « les gens s’intéressent à un sujet, puis à un autre… qui vient au-dessus de la pile ». Bref, ils oublient comme un rien parce qu’ils sont débordés. Or, Bouge ton coq veut de son côté « augmenter le taux de conversion pour accompagner plus de projets ». En regrettant dans le même temps que le calendrier soit court. Également pour des questions d’ « organisation » de la plate-forme.