Des conseils diététiques bienvenus en cette période
Entre les deux marathons des fêtes, Anne-Charlotte Vagnerre, diététicienne à Chaumont, donne quelques précieux conseils pour rester bien dans son corps et dans sa tête en une période compliquée quand on redoute de prendre du poids.
Jhm quotidien : La période des fêtes est redoutée par tous ceux qui prêtent attention à leur ligne ou redoutent de grossir. On a l’impression que c’est celle de tous les dangers. Quel est votre point de vue d’experte sur cette idée toute faite ?
Anne-Charlotte Vagnerre : « C’est ce que j’explique toujours, il n’y a pas de danger : juste des stéréotypes que les gens ont en tête parce qu’on leur a toujours dit que c’était comme ça ! Comme ils ont toujours entendu que les fêtes, c’était une période trop riche, il y a une espèce d’ambiance qui règne où ce n’est pas bien, on va forcément faire des excès… J’ai surtout envie de dire que le danger est de ne pas réussir à s’écouter et de se sentir pas bien à la fin du repas. »
Jhm quotidien : Le trop plein, c’est justement le concept des fêtes et en plus, il n’y a pas un repas : il y en a plusieurs…
A.-C. V. : « Ce sont aussi des idées reçues, puisque ce que l’on mange durant les fêtes, on pourrait le manger toute l’année. Parce qu’on a expliqué qu’en fin d’année il fallait manger ça, on se retrouve avec des gens qui se retiennent… Et quand on se retient, la frustration arrive. Quand on nous dit que les feux sont au vert, cela part en grand n’importe quoi. Durant les fêtes : on se dit, qu’on a le droit et on se retrouve avec des orgies alimentaires et des personnes qui ne sont plus en capacité de gérer. On a une abondance de nourriture. C’est vrai qu’il faut que cela reste convivial, car c’est la tradition, mais on n’est pas obligé d’aller en quantités astronomiques sur tout ce que l’on va consommer. On peut manger de tout, il ne faut pas s’interdire quoi que ce soit, mais on n’est pas obligé de se resservir. »
Jhm quotidien : Comment peut-on limiter les risques de prise de poids ?
A.- C. V. : « Si je peux me servir à l’assiette, c’est très bien et j’évite de me resservir et d’être complètement gavé à la fin du repas. »
Conseils diététiques quand on cuisine
Jhm quotidien : Cela vaut quand on est invité… Et lorsqu’on cuisine soi-même, quels sont les trucs et astuces ?
A.-C. V. : « Il y a toujours cette idée que l’amour passe par la nourriture et que lorsqu’on reçoit, on a envie de faire plaisir. Et prouver aux gens qu’on les aime, cela passe par de la cuisine chaleureuse et des souvenirs d’enfance. Le but n’est pas d’aller gérer l’aspect qualitatif sur ces repas qui restent occasionnels et qui sont des repas de partage. Mais à la limite, on peut gérer les quantités. Surtout que l’on sait que l’on enchaîne si l’on est dans une famille recomposée ou s’il y a le 26 qui suit. Et on n’en finit pas ! Il y a des gens qui sont malades et je ne comprends pas l’intérêt de pousser le bouchon jusque-là. (…) J’ai fait une vidéo provoc’ mais on est dans un pays où on a des gens qui crèvent de faim et nous, on se demande comment on va faire pour ne pas prendre de poids ! Donc déjà, on ne fait pas en trop grosses quantités pour ne pas qu’il y ait des restes une semaine. On respecte aussi sa satiété. »
Jhm quotidien : Certaines personnes sont tellement angoissées à l’idée de prendre du poids en cette période, qu’elles sont prêtes à prétexter qu’elles sont malades… et se privent.
A.-C. V. : « Complètement. C’est ce que les gens ont beaucoup de mal à comprendre : l’émotionnel, le psychologique, ont un rôle sur les variations de poids. C’est même le paramètre majeur. Prétexter être malade, il n’y a rien de plus frustrant… D’autant que l’on va regarder tout le monde manger. Cela aura forcément des répercutions sur le restant de l’année. Donc aucun intérêt ! Il n’y a pas de prétexte à avoir. Les gens ont souvent peur de dire non par peur de blesser et vont manger pour faire plaisir à l’hôte, sans prendre de plaisir. Il vaut donc mieux dire non, surtout si l’on préfère ce qui vient par la suite. Il faut s’écouter, être franc et dire que l’on se réserve pour ce qui vient par la suite. »
Jhm quotidien : On se dit souvent qu’en fin d’année, on se fait plaisir et qu’on attaque le régime au 1er janvier ! Est-ce le bon moment pour les bonnes résolutions ?
A.-C. V. : « C’est surtout que l’on se persuade qu’au 1er janvier on commence une nouvelle année et que l’on fera tout bien. Le problème est que l’on se retrouve avec des gens qui viennent en suivi, mais qui n’ont pas forcément la bonne démarche. Au mois de novembre 2023, je n’ai jamais eu autant de nouveaux depuis que j’ai ouvert mon cabinet. Et pourtant, on pourrait se dire qu’en fin d’année, cela ne sert à rien. J’explique toujours qu’il n’y a pas de bonne période. La bonne période, c’est quand on est prêt dans sa tête et quand l’élément déclencheur c’est vous. Après Noël, il y a la galette, puis les beignets de carnaval, puis la chandeleur, après le rosé et les barbecues ! »
Propos recueillis par Sylvie C. Staniszewski
s.chapron@jhm.fr