«Des conditions d’élevage des années 50»
Présents sur les marchés de Chaumont ou Vesoul, Octave Mouret aura écoulé lapins et autres volailles élevés et abattus dans des conditions des plus particulières de juin 2007 à juin 2008. Reconnu coupable d’une série d’infractions, l’éleveur a été condamné à deux mois de prison et diverses amendes.
Exécution de travail dissimulé, tromperie sur la nature, la qualité ou l’origine d’une marchandise, exercice d’une activité ou profession ambulante sans déclaration, vente de pièces animales de boucherie non marquées ou estampillées, vente de denrées animales non conformes aux règles sanitaires, privation de soins à un animal domestique ou sauvage, détention d’animaux appartenant à des espèces dont la clair ou les produits sont destinés à la consommation sans tenue conforme de registre d’élevage, placement ou maintien d’un animal domestique ou sauvage dans un environnement pouvant être cause de souffrance… «L’inventaire à la Prévert», décliné par le juge Thil témoigne de l’amateurisme d’un éleveur trahi par des nombreuses infractions aux règles en vigueur.
Ancien agriculteur en conflit avec son frère, Octave Mouret pensait couler des jours tranquilles en assurant le commerce de lapins et autre volailles. Le frère du prévenu aura fini par alerter les autorités. Tués dans un abattoir sans le moindre respect des mesures d’hygiène et floqués de fausses estampilles, les animaux élevés, à Orges, par Octave Mouret étaient vendus sur les marchés de Chaumont, Vesoul et Vendeuvre-sur-Barse.
Les contrôles opérés par gendarmes et services en charge du respect des normes d’hygiène auront mis au jour des conditions d’élevage des plus déplorables. Les personnels dépêchés à Orges auront notamment retrouvé un bovin privé de soins. En pleine période de grippe aviaire, Octave Mouret avait également omis de déclarer l’élevage d’oiseaux. Accueillis dans des locaux privés d’éclairage et dépourvus de litière, des poulets et pintades vendus sur différents marchés auront été découverts au beau milieu de cadavres de volailles. L’inspection du domaine exploité par Octave Mouret aura également permis de mettre au jour d’importantes quantité de purin et de fumier dont le jus s’écoulait dans un cours d’eau. Ne disposant d’aucun agrément lui permettant d’abattre des animaux, l’éleveur effectuait sa basse besogne dans des locaux «ouverts à tous les vents» où furent découverts ustensiles et machines couvertes de viande putréfiée et d’insectes – vivants ou décédés – attirés par pareil «tableau apocalyptique».
Prison avec sursis et amendes
«En prenant connaissance des différents rapports, j’ai l’impression de feuilleter un livre d’histoire sur les conditions d’élevage dans les années 1950. Les petits producteurs défendent la richesse des terroirs, nous attendons d’eux des produits de qualité garantissant la sécurité alimentaire», soulignait le procureur Clémençon avant de requérir quatre mois de prison avec sursis et une succession d’amendes.
«Mon client était associé avec son frère dans le cadre d’une Société civile d’exploitation agricole, il a connu des difficultés relationnelles avec son frère avant de se retrouver sans la moindre rémunération, a rappelé Me Woimbée, en charge de la défense du prévenu. Cet homme est marié, père de famille et il a été dénoncé par son propre frère… Certains pays ne sont pas soumis aux règles anglo-saxonnes visant à imposer un monde aseptisé, un monde sans risque et sans odeur. Cet homme a été victime de la méconnaissance de certaines règles, mais aucune personne n’a été malade suite à la consommation des produits vendus par mon client. Aucun cas d’intoxication alimentaire n’a été signalé !»
Les mots de Me Woimbée n’auront pas convaincu président et assesseurs. Condamné à deux mois de prison avec sursis, Octave Mouret devra s’acquitter de diverses amendes d’un montant global de 1 225 euros.