Des conditions de travail accablantes
«Depuis 1998, nos services avaient formulé plusieurs observations, notamment concernant la conformité des machines. Nous avons avons informé l’entreprise de ses obligations, plusieurs rappels et mises en demeure ont été opérés, mais la situation n’a pas évolué. Je suis retourné sur les lieux après l’accident de madame, aucune mise en conformité n’avait été opérée. (…) Certaines obligations n’avaient aucune incidence financière, nous avons simplement observé l’absence de volonté de l’employeur de prendre en compte ses obligations malgré les accidents et nos visites. Cet employeur devait donner à l’encadrement les moyens d’appliquer les conditions de sécurité au sein de l’entreprise. Aucune évaluation des risques et aucune formation spécifique n’avaient été mises en œuvre.» Les mots d’un inspecteur du travail auront suffit à décrire les conditions de travail régnant au sein d’une entreprise biesloise du secteur de la sous-traitance automobile. Le 4 mars 2009, malgré le signalement de la défaillance d’une machine d’assemblage notifiée la veille de l’accident, une salariée de la SARL Geiss perdait un doigt.
Dans une situation économique difficile, l’entreprise – poursuivie en tant que personne morale – n’aurait pas veillé à assurer des conditions de travail sécurisées à ses salariés. «Je regrette l’absence du chef d’entreprise à cette barre. Il n’y a pas de fatalité dans cet accident», soulignait Maître Alfonso, en charge de la défense d’une salariée «grièvement blessée» et «toujours dans l’attente d’une indemnisation», indemnisation soumise à une décision du Tribunal des affaires de sécurité sociale. «Madame a le courage de continuer à travailler dans cette entreprise, elle est désormais affectée sur l’ensemble des machines, mais elle n’a toujours pas suivie la moindre formation», poursuivait l’avocate.
«Nous entendons souvent des chefs d’entreprises se plaindre des lourdeurs de la législation, aujourd’hui, j’entends un inspecteur du travail relater de quelle manière les avertissements ont été donnés, sans le moindre effet puisque la situation perdure», poursuivait le procureur Clémençon avant de requérir une amende d’un montant minimal de 10 000 euros. L’affaire a été mise mise en délibéré. Justice sera rendue en date du 25 septembre prochain.