Des comptines pour apprendre autrement le français
SOCIAL. Un atelier des plus insolites a été créé pour apprendre le français aux migrants, à la demande de l’Association haut-marnaise des immigrés (Ahmi). Jeudi 16 juin, une dizaine de personnes a chanté des comptines qui évoquaient des situations du quotidien.
Depuis les arbres de la résidence sociale du Clos-Mortier, on entend chanter. Une dizaine de personnes s’est installée à l’ombre, ce jeudi 16 juin, alors que la chaleur ambiante annonce la prochaine canicule. Pascale Rigaut, de l’association Harmonie par le chant, indique les paroles, tandis que sa comparse au synthétiseur bat le rythme. A plusieurs reprises, les participants de l’atelier répètent les comptines, tout en faisant les gestes qui illustrent des situations du quotidien telles que croiser quelqu’un ou se présenter.
C’est la seconde fois que pareil atelier a été mis en place par l’Association haut-marnaise des immigrés, loi 1901, qui accompagne les personnes immigrées, c’est-à-dire les demandeurs d’asile et les étrangers sous statut de réfugiés. Le but : apprendre le français de manière ludique pour favoriser l’insertion professionnelle et les démarches administratives.
Une autre méthode
« Le concept d’Harmonie par le chant, qui favorise le bien-être par le chant, me plaisait énormément. Comme nous proposons des cours de français, je l’ai contactée pour qu’ils enseignent la langue avec une méthode innovante. C’est bien d’alterner des cours traditionnels à des cours moins formels, comme sportifs. Cela favorise la mémorisation et facilite la prononciation », explique Marie-France Guy, animatrice en français langue d’intégration.
La première expérience s’était déroulée en février et l’association solidaire a très vite constaté ses effets. « Les participants ont fait des progrès dans la prononciation, ils ont une excellente mémoire orale. Ils s’emparent des chansons et nous les travaillons aussi pendant nos cours », indique l’animatrice. Forte de ce succès, la seconde séance a été élargie aux migrants dont le statut n’a pas été encore attribué et aux bénéficiaires de minima sociaux.
L’association n’exclut pas de renouveler cet événement. « Il y aura sûrement d’autres ateliers, c’est un projet qu’on aimerait pérenniser », assure Marie-France Guy.
Marie-Hélène Degaugue
Faciliter l’apprentissage
Sarajuddin est arrivé en France en 2020. Il a fui l’Afghanistan à 20 ans. S’il maîtrise l’anglais, l’hindi et d’autres langues, il trouve le français difficile à apprendre. Son statut de réfugié n’étant pas encore accordé, le jeune homme ne peut pas bénéficier des cours de français donnés par l’Association haut-marnaise des immigrés. Alors, chanter des comptines pour s’imprégner de notre langue le réjouit. « J’apprends avec l’oreille, j’aime bien car c’est une nouvelle façon d’apprendre. Je connais maintenant le nom des fleurs », raconte-t-il en souriant, heureux de se voir progresser.
Pascale Rigaut, l’intervenante d’Harmonie par le chant, a dû sélectionner attentivement ses comptines : « Il faut trouver des mots simples, mais dont ils puissent se servir dans de nombreuses situations ».