Des citoyens coupés de la vie politique
« Y a-t-il encore des citoyens dans la vie politique ? Si non, pourquoi ? », interroge André Bellon, président de l’association « Pour une constituante ». Le maire de Reynel, Gilles Desnouveaux, a une explication. « On a plus de lieux de débats. Avant, dans les villages, il y en avait dans les bistrots. Ça parlait politique. Aujourd’hui, ces lieux manquent, particulièrement en milieu rural. Les gens sont devant leur télévision et n’échangent plus. »
L’ancien président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale estime que « le problème ayant conduit aux Gilets Jaunes est encore là et qu’il va resurgir. Il faut admettre qu’on est dans une crise de système profonde. Il faut accepter qu’y répondre demande l’expression des citoyens et qu’il faut dont recréer le lien politique entre les élus locaux et la population ».
André Bellon souligne : « Ce n’est pas la première fois qu’il y a ce genre de situation dans l’histoire. Souvent, ça se termine dans le sang. Ne plus avoir de citoyens dans la vie politique conduit à un affrontement ».
La loi NOTRe ou votre ?
Eric Kresel, maire de Ceffonds et président départemental de l’Association des maires ruraux de France, pointe également un manque de vie politique, au sein même de celle-ci. Pour lui, les maires des communes de moins de 3 000 habitants sont de moins en moins écoutés, particulièrement avec la nouvelle organisation des territoires dirigée par les intercommunalités.
« La loi NOTRe, qu’on appelle entre nous la « loi votre » a mis en place les intercommunalités. L’idée est que plus on mutualise, plus on économise. Mais ça a définitivement coupé le lien entre les dirigeants et les citoyens », expose Eric Kresel. A ses yeux, les intercommunalités portent un coup à la représentativité. La rupture entre politiques et société civile se fait alors au sein même de la vie politique.
« Dans mon village, personne n’a voté pour le président de mon intercommunalité. Les gens ne le connaissent pas, ils avaient voté pour moi. Ils sentent bien que nous, les maires des petites communes, on n’est plus écoutés », indique Eric Kresel.