Des champs aux Champs – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ils ne s’installeront pas sur les Champs-Elysées, mais presque. A tel point qu’on pourrait quasiment, dans un tonitruant cocorico, crier que les meilleurs paysans de la planète vont investir la plus belle avenue du monde.
Tout n’est pourtant pas si rose au pays des champs – des campagnes ceux-là – qu’on sait si bien cultiver quand la jachère n’est pas imposée aux agriculteurs. Le Salon qui s’ouvre samedi va voir défiler ce qui se fait de mieux en matière d’élevage, de cultures, de produits qu’on rêve de pouvoir déguster toute l’année. Y compris et peut-être surtout lorsqu’ils sont haut-marnais. Re-cocorico ! Mais en toile de fond, évidemment, la crise agricole sera dans toutes les têtes
Le mouvement récent a trouvé des réponses. Des promesses, surtout, que les paysans tardent à voir se concrétiser. Depuis plusieurs jours, ils réinvestissent le terrain. Et le gouvernement sait à quel point le sujet est explosif. Qu’Emmanuel Macron ait reçu ce mardi les représentants des Jeunes agriculteurs et de la FNSEA n’est ainsi pas un hasard. Objectif pour le Président : éviter que la contestation ne redémarre, précisément au moment où le monde – ou pour le moins l’Europe – aura les yeux tournés vers Paris et son Salon.
Une chose est en tout cas certaine : dans les travées de Paris Expo, porte de Versailles, les agriculteurs jouiront d’une popularité encore plus grande que les autres années, aux yeux du grand public. A l’inverse, les représentants politiques qui en fouleront les allées risquent de recevoir un accueil assez froid, et des visiteurs, et des agriculteurs.
Le Salon de l’agriculture doit rester une grande fête. Puisse-t-il, s’il en était besoin, aider à rappeler qu’on préfèrera toujours déguster d’excellents produits bien de chez nous que d’autres, fades, mal produits ailleurs. C’est tout l’enjeu que pointe depuis des semaines le monde rural.
c.bonnefoy@jhm.fr