Derniers réglages – L’édito de Patrice Chabanet
La visite surprise du Premier ministre dans la région nantaise en dit long sur la complexité du dossier Notre-Dame-des-Landes. Les récentes consultations à Matignon lui ont prouvé une nouvelle fois que les adversaires et les partisans du nouvel aéroport restaient retranchés derrière leurs positions. La décision qui sera prise à la fin du mois ne réduira en rien une fracture provoquée et entretenue par un demi-siècle de palabres, de rapports contradictoires, de négociations dilatoires. Les gouvernements successifs n’ont jamais voulu trancher, donnant à chaque camp l’illusion qu’il pouvait emporter le morceau. En venant sur place, « pour voir et écouter », Edouard Philippe a sans doute voulu préparer le terrain et faire savoir, bien au-delà des populations concernées, qu’enfin une décision serait prise, quelle qu’elle soit. Une façon de rompre avec la politique du mistigri.
Reste à connaître la décision qui sera prise. Elle sera fondée sur des considérations politiques, plus que sur des critères de développement économique. L’exécutif aura à choisir entre deux maux : la menace d’une démission de Nicolas Hulot, figure emblématique du gouvernement, vent debout contre le nouvel aéroport, et la fronde des élus locaux, de gauche comme de droite, chauds partisans du transfert vers Notre-Dame-des-Landes. Renoncer au projet reviendrait aussi à faire peu de cas de la consultation populaire de juin 2016. Mais ce qui fera pencher la balance, ce sera l’appréciation du risque présenté par les zadistes. Ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, est tétanisé par l’idée d’incidents graves lors d’une opération d’évacuation. On peut le comprendre. Les occupants de la zone s’y préparent, tels des guérilleros. A les entendre, même si l’idée du nouvel aéroport est abandonnée, ils se maintiendront en place. Dans ce cas, le chef de l’Etat et son Premier ministre devront faire acte d’autorité. Il serait inacceptable de voir se créer de nouvelles zones de non-droit, cette fois-ci à la campagne.