Derniers préparatifs – L’édito de Patrice Chabanet
Syndicats et gouvernement en conviennent : la mobilisation de jeudi prochain sera forte. Une prévision largement anticipée par les sondages : près de 70 % des Français restent hostiles à la réforme des retraites. Pour les syndicats c’est l’occasion d’afficher une puissance souvent contestée, voire moquée. La CGT prévoit un million de grévistes. Avec la volonté de faire mieux que la gauche politique. On se souvient des rodomontades d’un Mélenchon annonçant lui aussi des centaines de milliers de personnes dans des manifs qui avaient fait pschitt.
La confrontation gouvernement-syndicats est la partie visible d’un mouvement de fond. Il y a aussi la lutte d’influence entre la gauche et les syndicats. Visiblement, ces derniers tiennent le haut du pavé, sans jeu de mots. Par leur présence dans les entreprises, ils savent mieux relayer les aspirations des salariés dans leur quotidien. Mieux que les organisations politiques préoccupées par les jeux politiciens et, déjà, la préparation de la future présidentielle.
Ne soyons pas naïfs : la majorité et l’exécutif ont tout intérêt à marginaliser les oppositions et les reléguer loin derrière la montée en ligne des syndicats, devenus de fait des interlocuteurs privilégiés. Au lendemain de l’examen du projet à l’Assemblée, des négociations s’imposeront d’une manière ou d’une autre. Ce sera difficile, on le sait. On ne renoue pas le dialogue par un coup de baguette magique. Chaque camp y a pourtant intérêt, malgré des divergences essentielles. Faute de quoi, c’est tout le rétablissement économique du pays qui trinquera. Personne n’y a vraiment intérêt.