Derniers calages – L’édito de Patrice Chabanet

On ne devrait pas avoir de révélations fracassantes dans l’intervention télévisée du chef de l’Etat. De nombreuses informations ont déjà filtré au gré des interviews ministérielles et à travers certaines fuites savamment distillées, histoire de prendre le pouls de l’opinion publique. Sauf surprise, on sait déjà qu’il y aura un desserrement progressif du confinement. On sait aussi que trois étapes sont prévues et qu’a priori les commerces dits non essentiels pourraient rouvrir leurs portes dès la fin de la semaine.

Emmanuel Macron sera surtout attendu sur tous les sujets qui restent ouverts. Quid des cafés et restaurants ? Quid des activités sportives ? Quid de la culture, sans doute le secteur le plus sinistré par le coronavirus ? Même si la pandémie rend aléatoire l’art de la prévision, le pays attend d’avoir un itinéraire précis sur l’après-Covid. Le risque d’être démenti par les faits est moindre que celui d’avancer dans le brouillard. Le locataire de l’Elysée semble en être conscient. « Rien n’est pire que l’incertitude et l’impression d’une morosité sans fin, a-t-il concédé dans une interview accordée au JDD. Il faut de la cohérence, de la clarté, un cap. »

La distribution du nouveau vaccin – ou des nouveaux vaccins – permettra de le prendre au mot. En l’occurrence, il ne s’agit pas de vaincre le mur de l’incertitude, mais celui du scepticisme ambiant logiquement exploité par les oppositions. Les Français attendront ce soir un descriptif précis – sans emphase – de l’opération vaccin : quelle date de démarrage ? Où en est l’organisation de la logistique ? Qui sera habilité à vacciner ? Comme les Européens ont fait des commandes groupées, il sera facile de voir quels pays sont déjà prêts et quels autres se perdent dans les procédures administratives. En clair, qui de l’Allemagne ou de la France va se révéler le plus efficace. Jusqu’à présent, c’était avantage à l’Allemagne.