Dérive à l’italienne – L’édito de Patrice Chabanet
La démission du Premier ministre Mario Draghi ajoute à l’incertitude et à l’inquiétude qui étreignent non seulement l’Italie mais aussi l’Europe. Elle ouvre un boulevard à l’extrême droite, à l’affût de toute faiblesse de la démocratie. Chez nos voisins transalpins cette perspective fait remonter à la surface de l’actualité le souvenir de l’ascension de Mussolini. Comment interpréter autrement l’alliance de facto de Forza Italia, bras armé de Berlusconi, du Mouvement 5 étoiles et du groupe d’extrême droite de Matteo Salvini ?
Le retour éventuel – et plausible – de cette peste brune s’inscrit aussi dans un contexte international anxiogène. Elle ne cache pas ses affinités avec le grand « démocrate » Poutine. L’Union européenne aurait donc tout intérêt à poser des garde-fous pour une raison évidente : nos démocraties sont acculées inexorablement à des positions défensives. Ce n’est pas suffisant.
Même si l’Histoire ne se répète pas à l’identique, elle a toujours tendance à bégayer. Le fascisme italien des années 30 a constitué un modèle pour le nazisme, une forme de galop d’essai en quelque sorte. Aujourd’hui elle peut et doit servir de marqueur pour distinguer au sein des Etats de l’Union européenne les partis et les organisations soutenant peu ou prou la dérive fasciste de la politique italienne. Officiellement, ils affirmeront la main sur le cœur qu’ils sont d’ardents défenseurs de nos idéaux démocratiques. Air connu depuis des décennies avec la complicité de la naïveté ambiante et l’admiration béate du retour de l’ordre. Chat échaudé ne craint pas toujours l’eau froide.