Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

Dépossession – L’édito de Patrice Chabanet

 

De toutes les images de scènes d’émeute en plein Paris, celle de l’Arc de Triomphe souillé, profané, tagué, restera longtemps dans les mémoires. La dernière profanation remonte au 14 juin 1940 lorsque, forts de leur victoire, les Allemands ont déployé un immense drapeau à croix gammée. Une telle ignominie, au lendemain de la commémoration de l’armistice de 1918, a quelque chose de choquant et de révoltant. Elle prouve, d’une certaine manière, que les gilets jaunes se sont fait voler leur mouvement, du moins dans la capitale, par des bandes de pillards et d’amateurs de guérilla urbaine. Ils sont victimes d’un principe éminemment sympathique, mais savamment exploité par les casseurs : pas de chef, pas d’organisation. Pour le gouvernement, c’est toute une façon de maintenir l’ordre qui est à repenser. Désormais, les points de fixation se multiplient et saturent les possibilités d’intervention de la police, et cela d’autant plus que les émeutiers se mélangent avec les manifestants. Ce n’est pas une première, mais hier on a atteint des pics de violence qu’on n’avait pas connus depuis mai 1968. Cela dit, du moins jusqu’à hier soir, aucun décès n’était à déplorer.

L’exécutif sort affaibli de cette épreuve, c’est certain. La sécurité dans ce pays ne peut pas se réduire à la lutte antiterroriste. Elle passe aussi par la paix civile. Faire ses courses de Noël dans une ambiance d’insurrection ne doit pas se transformer en normalité du samedi. Sans parler de l’impact des voitures incendiées et des magasins pillés sur l’ensemble des télévisions étrangères. Pour arrêter cette spirale infernale, le gouvernement est condamné à trouver des solutions fortes et rapides aux revendications posées par les gilets jaunes. Faute de quoi, le scénario parisien se reproduira implacablement de semaine en semaine : manifestations pacifiques vite débordées par les ultras. Les gilets jaunes pourraient y perdre leur popularité. Mais Emmanuel Macron y perdrait celle qui lui reste.

Publié le 02 décembre 2018

Sur le même sujet...

édito
Secousses sociales – L’édito de Patrice Chabanet
Edito

Les tumultes qui secouent la scène internationale ne parviennent plus à couvrir les craquements de notre économie. Casino et Duralex, pour citer des noms emblématiques, luttent pour leur survie à(...)

édito
L’air étonné – L’édito de Christophe Bonnefoy
Edito

Il fut un temps où La France insoumise avait un potentiel pouvoir de séduction. Une époque où le côté Robin des Bois pouvait agir comme un aimant auprès des électeurs,(...)

édito
America is back – L’édito de Patrice Chabanet
Edito

Joe Biden veut aller vite. Trop de temps perdu dans les guérillas de politique intérieure. Des semaines et des semaines à faire attendre les Ukrainiens. Dans une démarche de compensation,(...)