Dépasser le sursaut – L’édito de Patrice Chabanet
Le président du Sénat, Gérard Larcher, et la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avaient toutes les raisons d’être satisfaits et rassurés : sans être spectaculaires les manifs contre l’antisémitisme ont montré au pays que nos compatriotes avaient pleinement pris conscience de la gravité de la situation. Que n’aurait-on dit si les défilés à Paris et dans les grandes villes de province avaient fait un flop ?
On a parlé de sursaut républicain. Le mot a été bien choisi. La France que l’on croyait endormie sur un antisémitisme latent s’est réveillée. Ne pas laisser aux nazillons de service le moindre espace pour leurs discours de haine maladive. La bête immonde est toujours prête à prendre sa revanche.
Mais il ne faut pas perdre de vue qu’un sursaut est ponctuel par définition. L’éradication du discours antisémite passera par un travail de fond, à l’école, dans les familles et dans la société en général. Les gamins qui ont entonné des chants nazis dans le métro avaient entre 11 et 16 ans. Prurit d’adolescents, estimeront les naïfs. On incriminera sans doute les réseaux sociaux. Avec raison. Mais d’une manière ou d’une autre les parents étaient au courant. N’oublions pas non plus que l’antisémitisme s’est enrichi, si l’on ose dire, de celui répandu par l’islamisme radical.
Le jour où les juifs n’auront plus peur de porter la kippa, le jour où aucun enseignant ne s’interdira de parler de Shoah comme c’est parfois le cas, un grand pas aura été franchi. Encore plus grand que celui de la manifestation de dimanche. On en est encore loin.
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