Démolition de la Banane : pourquoi rien n’est acté
La démolition de la Banane, est actée depuis 2018. Hamaris continue de la prévoir en 2023. Toutefois, sans préjuger de l’issue de la concertation avec la Ville, l’architecte des bâtiments de France a commencé par lui demander de réfléchir à une alternative.
« Pour le moment, la démolition (de la Banane) est toujours d’actualité puisque le conseil d’administration (d’Hamaris) du mardi 18 octobre l’a encore acté dans son programme ». C’est ce que l’élu en charge des finances Didier Jannaud indiquait ce jour-là. L’élu nuançait ainsi sérieusement une déclaration du maire Anne Cardinal en conseil municipal : « quant à la Banane, il n’est pas certain qu’elle soit démontée ». Didier Jannaud s’était chargé de décoder cette réflexion à la place du premier magistrat, qui ne répondait pas au téléphone. Toutefois, son explication s’est avérée manquer de précisions de taille – où le diable se cache, dit-on. Qu’importe en réalité que le bailleur social prévoie à son budget de démolir la Banane en 2023, comme acté en 2018. Hamaris n’a en effet plus la main. C’est qu’une démarche de révision du Plan de sauvegarde est passée par là – elle porte sur son seul règlement, sans remanier le périmètre défini. En 2007, avait expliqué Anne Cardinal, ce document fondateur datant de 1985 avait été modifié « pour y inscrire la démolition de la Banane ». Aujourd’hui, un comité a été mis sur pied pour revoir ce fameux règlement car les temps ont changé. Y siègent les élus de Langres et les maires de l’interco’ de 4 communes incluant des zones monuments historiques ainsi que l’architecte des bâtiments de France (ABF) et l’État.
Il est urgent d’attendre
« Ce bâtiment dit « la Banane » fait l’objet d’études et aucune décision n’est prise à ce jour », indique l’ABF Caroline Marlot. Mais à cette heure, plusieurs sources indiquent que celle-ci a invité la Ville à réfléchir à des solutions alternatives à la démolition. En tout état de cause, la Banane se situe dans un périmètre classé « secteurs patrimoniaux remarquables » et au sein d’un autre, le « site patrimonial remarquable du paysage langrois ». L’ABF a ainsi confirmé que son avis serait réputé« conforme »,c’est-à-dire valant obligation (cà l’inverse d’un avis « simple » qui reste une recommandation). Aussi, non, lors de ce conseil municipal du du 19 septembre, Anne Cardinal n’a pas sorti sa réplique d’un chapeau, emportée par la vivacité d’un échange. Et, en tentant de revenir sur le sens de ce que le maire avait déclaré, en soulignant l’absence de projet de destination du bâtiment qui rendait inenvisageable, pour l’heure, de renoncer à sa démolition, Didier Jannaud a passé sous silence les réserves de l’ABF, qui, si elles persistaient, vaudraient véto. C’était en somme aménager la situation dans laquelle la Ville se retrouve exactement.
Deux calendriers
Une autre question se pose. La révision du plan de sauvegarde va durer 5 ans, cette précision avait été apportée dès novembre 2021… quand la démolition de la Banane reste prévue pour 2023. Voilà deux calendriers qui devront coïncider. En revanche, Hamaris a affirmé que si un des appartements s’était retrouvé… à louer sur son site en novembre, un « bug informatique » était en cause -des mises à jour automatiques désactivées. Alerté de la présence de cette offre insolite, le bailleur l’a effacée « manuellement ». En confirmant que, de son côté, aucune réserve de l’ABF ne lui avait été communiquée.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr