Déjà 30 ans… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Trente ans. Déjà 30 ans. Des plaies évidemment toujours vives au Rwanda, trois décennies après les massacres qui ont fait au moins 800 000 morts. C’est dire le poids de la douleur. Pas loin d’un million de victimes, majoritairement Tutsis. On regardait ailleurs…
Si loin ? Si éloigné de nos préoccupations de l’époque ? Trop peu dans nos intérêts géopolitiques ? Le génocide rwandais est symptomatique de ces guerres, de ces haines inter-communautés, de ces situations tellement inacceptables… que paradoxalement on les banalise en les ignorant…
Les mea culpa, la plupart du temps du bout des lèvres, arrivent après. Bien longtemps après. Autrement dit trop tard.
En ce XXIe siècle, on peut penser que les situations ont changé. Qu’on prend soin désormais, de tenter de tuer dans l’œuf ces conflits qui, si on laisse faire comme par le passé, nous mèneront vers le pire. Les grandes puissances du globe ont toujours, comme avant, des intérêts, ici, autre part, près de chez elles ou très loin, là-bas. On sent toutefois que, même si l’unanimité n’est jamais de mise lorsqu’il s’agit d’intervenir pour faire cesser les massacres, on voudrait ne plus connaître ces sombres périodes où refuser de voir a entraîné la planète dans un jeu mortel de dominos qu’on n’a cherché en vain à stopper que lorsqu’il n’y avait malheureusement déjà plus grand-chose à faire.
Emmanuel Macron a reconnu le rôle de la France – et d’autres – dans les massacres au Rwanda : « Nous avons, tous, abandonné des centaines de milliers de victimes à cet infernal huis clos. » Tout est dit.
Et les mots prennent un sens tout particulier aujourd’hui, alors que la guerre, les guerres, sont à nos portes. Des mots qu’on espère loin d’être vains, alors qu’il apparaît tellement compliqué, pour ne pas dire utopique, de tirer définitivement les tristes leçons du passé.
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