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Déféré le matin, jugé dans la foulée : il écope de 18 mois ferme pour trafic de stupéfiants

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Quand il avait vu les gendarmes de Langres, Mohamed Ouayres avait pris la fuite, après avoir jeté une sacoche bien garnie de stupéfiants. Malgré ses vives dénégations, le jeune homme de 21 ans a été condamné lundi 24 juillet à 18 mois de prison pour trafic de stupéfiants.

« J’avais peur ». Voilà pourquoi Mohamed Ouayres avait indiqué aux gendarmes de Langres qu’il s’appelait Ali Chiboubi, nom sous lequel il est inscrit au rôle. Le président du tribunal Hizia Charef pointe que sa date de naissance « n’était pas la bonne, non plus ». Le jeune homme est convoqué lundi 24 juillet devant le tribunal judiciaire de Chaumont, selon la procédure d’urgence. Non, il ne souhaite pas reporter son jugement.

Rattrapé par les gendarmes

Il est 15h45, jeudi 20 juillet, quand les gendarmes de Langres arpentent les Quartiers-Neufs, ils s’intéressent aux stupéfiants. Trois hommes prennent la fuite, dont le prévenu. Les militaires le voient jeter une sacoche, dans laquelle plus de 250 grammes de cocaïne, d’héroïne et de cannabis seront découverts. Rapidement interpellé, le jeune homme porte un sac banane, qui contient 1 500 € en espèces, un pochon de cannabis aussi. C’est parti pour une longue garde-à-vue, qui ne se déroulera pas simplement.

Simple petite main

« J’ai été guetteur une fois une heure et une autre, deux heures ». Rien de plus, soutient Mohamed, qui nie que la sacoche lui appartienne. Oui, il « apportait à manger » à des dealers, en l’échange de quoi il gagnait 30 € avec une dose de cannabis. L’argent liquide qu’il avait dans le sac banane ? « 1 000 € qui viennent d’Allemagne via la Western Union, 400 € que sa tante, qui les avait reçus de sa mère, lui a donnés et 100 € d’argent de poche ». S’il avait cet argent en coupures de 50 € sur lui, ce jour-là, c’était pour acheter un billet d’avion pour Bilbao. S’il est vu à tournicoter à l’endroit même où s’écoulent des stupéfiants, c’est qu’il a en effet acheté sa dose de cannabis. En résumé, Mohamed fume bien un peu -mais quotidiennement depuis qu’il est en France. En revanche, il ne trempe pas dans un trafic de stups, ce sont des billevesées.

Déjà repéré plusieurs fois

En garde-à-vue, il refuse catégoriquement de déverrouiller son téléphone mobile, un iPhone 14 qu’on lui a « offert ». Il ne faut pas voir malice à tout ça, non plus. « Il s’y trouve des photos de (sa) mère qui ne porte pas le hijab… et puis des photos perso’. Oui, c’est un téléphone très récent, qui vaut 1 400 €, j’ai une famille aisée ». Les gendarmes ont toutefois trouvé, en lisant la carte SIM, dans sa liste de contacts nombre de consommateurs de drogues, et d’inconnus utilisant des cartes téléphoniques prépayées pour le rester. Le hasard des rencontres, réplique en résumé le prévenu. Qui a atterri par hasard à Langres « pour visiter 2 jours » – quand exactement, mystère – et s’il y est resté, c’est qu’il y est tombé amoureux. Il s’est juste éloigné de la cité des remparts pour faire un tour à Toulon, à Marseille aussi, et en Avignon, et il ne s’est plu nulle part. Oui, il y a 2 ans, il avait déjà été interpellé par la police en région parisienne où il dormait dans une voiture, et de nouveau à Chenove au printemps dernier, « devant du shit caché par terre », la faute à pas de chance, une fâcheuse coïncidence. Ah oui, Mohamed est sans papier, il fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire. « J’ai fait une demande d’asile en Allemagne », où il était marié, et son ex-épouse attend un enfant de lui. Le président Charef pointe qu’il avait parlé de l’Espagne en garde-à-vue. Aujourd’hui, le procureur Adélia Bras-Abarri a repéré une convocation devant le tribunal correctionnel d’une autre juridiction pour trafic de stupéfiants.

« Je n’ai pas de chance »

« Je ne suis pas un trafiquant, j’ai fait guetteur en ignorant que ça me rendait complice ». Mohamed précise toutefois qu’ « après 4 jours de garde-à-vue, (il) comprend ». Une garde-à-vue qui « s’est plutôt mal passée », pointe le président Charef. Le prévenu en convient. « J’avais souffert d’un truc quand j’étais enfant et je m’en suis souvenu ». En tout état de cause, il s’est « senti seul, anxieux » et il s’est mutilé un avant-bras. À la fin, le jeune homme tient à faire savoir qu’il « n’a pas de chance ». C’est alors qu’une nouvelle curiosité s’invite : chez les gendarmes, son test salivaire s’est avéré négatif… quand il avait indiqué avoir consommé du cannabis le jour-même. Après de « multiples versions », des détails surprenants dont l’absence de trace de transfert d’argent via Western Union, et le résultat de ce test, le représentant du ministère public requiert 18 mois de prison ferme, une interdiction de territoire français à titre définitif, la confiscation des scellés et un mandat de dépôt.

Format procédural critiqué

C’est par « le format limite de la comparution immédiate car les enjeux sont extrêmement forts » que le conseil du prévenu Me Maxime Beis angle sa plaidoirie. « Ne pas donner le code de son téléphone, c’est assez classique, on sait aussi passer outre ». Certes, poursuit-il, « c’était peut-être trop compliqué mais on serait fixé ». En clair, la procédure engagée exigeait une telle rapidité qu’on se serait passé d’aller au fond des choses. Comme un relevé d’empreintes sur la sacoche, qui aurait été trop chronophage. Et puis est-on si sûrs que c’est son client qui a jeté la sacoche ? « Entre le gendarme qui le voit, celui qui le poursuit et un troisième qui l’interpelle… », une dissolution de l’information aurait pu s’opérer en somme. « Attention, je ne dis pas que les gendarmes sont des menteurs ». Et de demander au tribunal de ramener la peine de prison requise à du sursis exclusivement.

Sans le convaincre. Après en avoir délibéré, Mohamed Ouayres a été condamné à 18 mois ferme, une interdiction de territoire français pendant 10 ans, la confiscation des scellés, et a validé son incarcération immédiate.

Le prévenu s’est alors jeté la tête contre les vitres du box des accusés, en hurlant.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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