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Xavier Decloux, artiste éclectique

Doux rêveur et fin bricoleur, Xavier Decloux s’active dans le recyclage artistique. Installé à Villars-Santenoge, l’artiste crée des sculptures à la beauté troublante.

Ecole Jean Macé, collège Louise Michèle… Xavier, le Chaumontais, découvre les joies de la peinture lors des cours d’art plastique : « La gouache d’écolier est alors le moyen d’exprimer la révolte de l’adolescent qui grandit en moi. A cette époque, j’ignore l’histoire de l’art, j’ignore les illustres maîtres, j’ignore que la peinture et la sculpture sont les plus anciennes traces de l’histoire de l’humanité, mais je me jette tout entier à chaque moment libre dans des dessins que l’on pourrait qualifier d’art brut. »

Début des années 90. Xavier intègre le lycée professionnel agricole de Fayl-Billot. Il apprend la vannerie d’osier et surtout l’ameublement rotin qui sera sa première expérience avec les machines à bois et le dessin technique.

Le service national obligatoire… C’est non !  « Mon tempérament comme mes convictions m’interdisent de porter les armes, je décide alors de faire un service civil comme objecteur de conscience : 18 mois au Château de Rouelles auprès du sculpteur Jean-Marie Maillard qui aiguisera mon sens critique et m’incitera à essayer le maximum de techniques. » 

En 1995, Xavier, 21 ans, s’évade en Inde (3 mois) puis se pose en Provence : « J’aménage mon premier atelier de peintre. Huile, acrylique, toile, papier. J’expérimente. Je dévore les livres. Je m’inspire. Je copie. Je cherche. C’est l’époque des premières expositions. Un bref séjour à Londres me donne l’occasion de visiter de nombreux musées, d’en prendre plein les yeux. Je vois les tableaux que j’admirais dans les livres, c’est là que je décide de faire, pour de bon, de la peinture mon métier. »

De Toulouse à la Tille

En 2000, de retour d’un périple dans l’océan indien, l’artiste  pose bagages et  pinceaux à Toulouse : « Je commence les collages, d’abord de dessins puis de photos et enfin d’objets. Pendant cette période de 5 ans j’enchaîne les vernissages, des galeries commencent à exposer mes toiles. »

En 2007, Xavier en termine avec la vie d’artiste et se fait paysan cueilleur de plantes aromatiques et médicinales. Il construit l’Herberie de la Tille : « J’ai aménagé un jardin aromatique avec une quarantaine d’espèces de plantes sur 3 000 m². Durant quelques temps, j’ai promené les visiteurs avec des ânes avant de proposer une chambre d’hôtes en tipi indien. »

Installé aujourd’hui à Villars-Santenoge, Xavier habile bricoleur, pratique le recyclage artistique : « Avec des matériaux de réemploi, je fabrique des objets à la fois utiles et décoratifs. La diversité de matériaux invite à réaliser des objets tous différents aux formes, couleurs et textures uniques. L’écoute des clients et des boutiques de dépôt-vente oriente aussi ma pratique pour répondre aux attentes. »

Débordant d’imagination, Xavier dessine et peint chimères et animaux fantastiques : « De nombreux naturalistes représentent de manière très réaliste des animaux existants, ce qui m’intéresse c’est d’inventer des animaux fantastiques car les chimères sont ambivalentes et j’aime explorer les limites du réel. D’un côté se sont des animaux de conte de fées, de légendes pour jouer à se faire peur mais l’aspect rigolo demeure, on est là dans le merveilleux, le fantasque, le « il était une fois ».  D’un autre côté, à l’heure de la génétique et du transhumanisme qui avance ses pions, les chimères existent dans les laboratoires et c’est beaucoup plus inquiétant. Les savants fous concoctent espèces hybrides et OGM avec toujours plus de risques. C’est pour tenter d’exprimer ces deux faces des chimères que les dessins que je réalise sont souvent ambigus.»

L’art de la récup

Xavier, artiste infatigable, fait prendre corps aux chimères avec les matériaux de recyclage qu’il glane un peu partout : « Un engrenage trouvé dans une grange se fait poisson volant mécanique. Un morceau de lustre et des isolateurs en porcelaine avec du bois de palette se transforment en oiseau de luxe. De la toile de treillis et du bois de réemploi deviennent un dragon/drakkar. Il n’y a pas vraiment de règles, c’est parfois la matière qui donne l’idée et c’est parfois l’idée qui rencontre les bons matériaux. » 

Deux fois l’an, l’artiste haut-marnais rejoint les artisans et créateurs de l’association « les ateliers partagés » : « On se retrouve pendant 15 jours, outils en main pour travailler ensemble et en public, souvent à Dijon à la Ferronnerie. Dernièrement, j’ai réalisé un chouette automate entièrement en bois. Du mécanisme de la bielle et vilebrequin jusqu’aux plumes, j’ai utilisé des palettes abandonnées sur les trottoirs par des commerçants du quartier. » 

Charnières, loquets, mécanismes divers, objets incongrus, « trucs qui pourraient servir » … Xavier récupère à tout va : « On a trop l’habitude d’acheter neuf selon ses besoins et de jeter dès que c’est abîmé ou en panne sans chercher à réparer ou réutiliser. J’ai choisi une troisième option : le recyclage artistique. »

De notre correspondant Serge Borne

Contacts : www.letroisiemeatelier.fr ; Facebook et Instagram

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