Déborah Brémont, droit au luth
ARTISANAT. Samedi 2 octobre 2021, Déborah Brémont terminait à la troisième place du Marathon créatif. Un peu plus d’un an après, la jeune luthière est sur le point d’ouvrir son atelier, avenue des États-Unis. Sans nouvelle du chèque promis aux lauréats, elle garde espoir.
Les 90 m2 de la future “Maison des Luthiers” sont encore – presque – vides, mais l’ébullition est palpable chez Déborah Brémont. Dans son local refait à neuf, le long de l’avenue des États-Unis, la jeune luthière voit les choses en grand. « Je souhaite pousser l’artisanat à son apogée », lance-t-elle d’un ton conquérant.
Marché porteur ?
Avec son « coworker » Paul Humblet, ils se sont installés au mois d’octobre et mettent tout en œuvre pour ouvrir en janvier. Spécialisée dans la rénovation et la fabrication de guitares classiques et jazz, Déborah Brémont estime qu’« il y a pas mal de demande à Saint-Dizier ».
Le constat est simple : aucun luthier n’est pour l’instant présent dans la cité bragarde. « Il y a un luthier à Bar-le-Duc, où certains se rendent, mais les gens ont tendance à aller à Troyes ou Nancy pour faire réparer ou restaurer leurs instruments », explicite Déborah Brémont. Ouvrir un atelier à Saint-Dizier n’a donc rien d’irréfléchi compte tenu du « dynamisme de la ville », que la luthière souligne souvent.
Elle se souvient de son arrivée à Ancerville, il y a une quinzaine d’années. Elle se faisait alors « une idée un peu triste de la région ». De son propre aveu, les choses ont bien changé. L’ouverture prochaine de son atelier ne fait que confirmer ses dires.
Vision (inter)nationale
L’atelier aura avant tout une dimension locale. « Dans un premier temps, je veux me faire connaître à Saint-Dizier, par le bouche-à-oreille et grâce à la publicité », explique Déborah Brémont. Pourtant, la jeune femme ne prévoit pas de se cantonner aux frontières bragardes. « Je vais participer à des festivals à travers la France, pour que mon travail soit reconnu un peu partout », ajoute-t-elle, citant le Salon de la Belle Guitare comme le lieu incontournable pour tout luthier en quête de visibilité. « Des festivals comme celui-ci regroupent tellement de monde que des clients de la France entière, et même de l’étranger, peuvent entendre parler de nous ! »
Luthiers en coloc
En plus d’un vaste atelier où guitares et harpes seront dorlotées, Déborah Brémont et Paul Humblet disposeront également d’une boutique, où les musiciens bragards pourront acheter instruments et accessoires. « Être un binôme, ça rassure et ça aide. On partage les frais, l’outillage, la machinerie… tout en restant deux entités indépendantes », se satisfait l’artisane de 21 ans, qui voit cette expérience comme une colocation professionnelle.
De plus, les deux luthiers sont diplômés de la même école – l’Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises (IFAPME) situé à Limal, en Belgique – et ont été colocataires pendant leurs études.
L’impact du Marathon créatif
« Je comptais me lancer quoi qu’il arrive, mais participer à “Révéler Saint-Dizier” a été un déclic, j’ai vu qu’il y avait un truc, que ça pouvait marcher », reconnaît Déborah Brémont. Si l’expérience a été réellement positive pour elle, récolter les récompenses est une autre paire de manches. Le bilan du Marathon créatif est en effet contrasté pour les participants, dont la luthière.
Elle n’a pas encore touché le chèque de 2 500 euros qui lui avait été promis (« mais je ne désespère pas »), et il a fallu en discuter avec l’assureur pour obtenir l’année d’assurance gratuite, elle aussi promise. Mais pas de quoi démotiver Déborah Brémont.
Dorian Lacour